Emmanuel Macron veut lancer un débat sur les menaces d'internet et des réseaux pour la démocratie

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Emmanuel Macron va lancer un débat mardi autour de l'impact des réseaux sociaux et d'internet sur la "déstructuration" du débat public et la démocratie, dans la perspective des prochaines élections, a annoncé lundi l'Elysée.
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"On assiste à une montée en puissance des réseaux sociaux où l’émotion négative est plus virale que l’émotion qui est elle-même plus virale que l'argument", relève un conseiller présidentiel. 

"Au fond, on risque d’assister à une disparition de l’espace public, de l’Agora, avec un grand risque pour nos modèles démocratiques et républicain", dit-il.

Dans ce contexte, le chef de l'Etat "veut dans les mois à venir s’engager, pour créer les conditions d’un débat éclairé et apaisé", ajoute-t-il.

"L’idée c’est de faire vivre ce débat dans la société et à terme prendre des décisions sur toute une série de mesures", en faisant notamment appel aux quelque 200 experts mobilisés sur le sujet.

Emmanuel Macron présidera ainsi mardi matin une réunion sur la "démocratie à l'épreuve des réseaux et des algorithmes" réunissant les acteurs impliqués sur cette question (associations, chercheurs, médecins, chefs d'entreprise…) afin d'engager un "mouvement au-delà de l’Élysée".

"Garant des institutions"

Seront notamment présents Gérald Bronner, professeur à La Sorbonne et président de la Commission du même nom sur les perturbations de la vie démocratique à l'ère numérique et Hugo Micheron, spécialiste des ingérences islamistes sur les réseaux.

Le chef de l'Etat réunira ensuite dans l'après-midi un Conseil présidentiel pour la Science sur la santé mentale des jeunes, suivi d'un dîner avec des acteurs de la tech mondiale axé sur la régulation des réseaux, de l'intelligence artificielle (IA) et l'impact de ces technologies sur la "bonne santé du débat démocratique".

Mercredi, il prendra la parole au Forum de la Paix à Paris sur la désinformation et les ingérence étrangères, avant un nouveau dîner à l'Elysée sur ce thème.

Le chef de l'Etat, contraint à plus de réserve sur la scène intérieure sur fond de crises politiques à répétition depuis la dissolution ratée de 2024, entend néanmoins continuer à se faire entendre et rester à la manoeuvre là où il le peut. 

"C'est son rôle de garant des institutions, des pouvoirs publics, de l'indépendance nationale de s'emparer ces sujets-là", justifie-t-on à l'Elysée. Il est ainsi "tout à fait dans le périmètre présidentiel tel que défini dans la Constitution".

Emmanuel Macron a notamment en ligne de mire les municipales de mars 2026 et la présidentielle de 2027, sur lesquelles "beaucoup de risques peuvent peser", estime l'Elysée, en rappelant des cas récents en Roumanie ou Moldavie, avec des soupçons d'ingérence russe.

"Coalition européenne"

Cela peut se traduire par de multiples formes de désinformation via des algorithmes ou des bots (comptes automatisés) qui instillent des débats erronés, tout cela dans le plus parfait anonymat, sans possibilité de remonter à la source.

"Le chef de l'Etat n’a lui-même pas d’échéance", car il ne pourra pas se représenter en 2027, pointe la présidence. "Ca le met en position pour faire en sorte que ces échéances se déroulent le mieux possible", estime-t-elle.

Il n'entend pas non plus "préempter" les "véhicules" qui permettront de mettre en oeuvre les mesures décidées, assure-t-elle. Cela peut être "législatif, administratif, par décret" ou à l'échelle internationale, assure l'Elysée. "La palette d'outils est ouverte", insiste-t-on.

Emmanuel Macron ambitionne notamment de créer une "coalition" avec d'autres chefs d'Etat et de gouvernement pour faire émerger une majorité numérique permettant d'accéder aux réseaux - fixée à 15 ans en France - au niveau européen.

La Grèce, l'Espagne, Chypre, la Slovénie et le Danemark se sont déjà inscrits dans le mouvement, selon l'Elysée.

"Il est possible d'obliger les plateformes à vérifier l'âge des utilisateurs. Nous sommes en train d'avancer sur les solutions techniques pour le faire. Et nous allons essayer de faire converger tout le monde", a assuré jeudi Emmanuel Macron à l'issue d'un Conseil européen à Bruxelles.

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