A Lille, Maître Delphine Boesel plaidera en référé-suspension pour ses deux clients lors d'audiences prévues à 14h et 15h30.
"Nous contestons ces décisions de placement au QLCO (quartier de lutte contre la criminalité organisée, NDLR), mes clients n'ont pas à y être. L'un est un condamné définitif engagé dans une démarche de réinsertion, rendue impossible ou extrêmement compliquée. L'autre ne répond pas aux critères", a déclaré cette avocate à l'AFP.
Deux autres recours similaires seront examinés mardi matin à Lille. D'autres juridictions ont déjà été saisies, notamment à Caen, Versailles, Amiens, mais aussi Paris, où une requête a été rejetée: les juges du fond devront se prononcer dans les prochains mois.
"L'enfer"
Maître Fabien Arakelian, qui défendra mardi un détenu à Lille, dénonce des procédures "en dehors de la loi".
"On a voulu faire de lui un exemple", a-t-il affirmé, fustigeant un transfert motivé par "des raisons populistes, électoralistes", relevant du "fait du prince, du garde des Sceaux". "L'opération de communication est réussie, mais c'est un recul de l'État de droit", selon lui.
En visio-audience à Versailles vendredi, le détenu Sofiane Boukhedimi a décrit ses nouvelles conditions de détention à Vendin: "Je me retrouve d'une situation respectueuse avec l'administration pénitentiaire à l'isolement, à l'enfer (...). Je suis fouillé deux fois par jour, c'est extrêmement difficile. Ce régime, j'ai extrêmement de mal à le vivre".
Gérald Darmanin visé par une plainte pour abus d'autorité
Une vingtaine de détenus ont déjà saisi la justice administrative pour contester leur transfert à Vendin, selon l'entourage du garde des Sceaux.
Parallèlement, l'Association des avocats pénalistes a saisi le Conseil d'État pour obtenir l'annulation du décret autorisant ces quartiers, et le ministre de la Justice Gérald Darmanin est visé par une plainte pour abus d'autorité devant la Cour de justice de la République.
Le Conseil d'État a rejeté fin juillet un référé-suspension visant à suspendre ce décret, dans l'attente d'un examen sur le fond.
D'autres recours, introduits devant des juges de la liberté et de la détention, ont quasiment tous été jugés irrecevables, selon l'administration pénitentiaire, qui précise que des appels ont été interjetés dans le cas contraire.