"Nous avons saisi le procureur de Clermont-Ferrand pour mise en danger de la vie d'autrui", a indiqué à l'AFP Michèle Créoff, membre de cette association et ex-vice présidente du Conseil national de la protection de l'enfance, confirmant une information de Mediapart.
Selon le texte de la plainte consulté vendredi par l'AFP, l'association fait état d'"une prise en charge dans des lieux d'accueil inadaptée à l'âge et à la situation" de l'adolescente, de "l'absence de professionnels qualifiés" autour d'elle et de l'"absence de réaction face aux signaux d'indice de [sa] vulnérabilité".
"Nous avons également déposé une requête devant le tribunal administratif pour faire déclarer illégal le placement à l'hôtel de Lily et avons aussi, dans une procédure distincte, assigné l'État" pour que soit reconnue sa responsabilité, a ajouté Michèle Créoff.
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"Déni de droit"
"L'idée c'est de mettre fin à l'illégalité qui encadre ce dispositif où les responsables ne sont jamais reconnus comme tels. On est face à un déni de droit absolu et nous essayons de remettre un petit peu les choses à l'endroit", a-t-elle souligné.
Contacté, le conseil départemental du Puy-de-Dôme a indiqué ne pas avoir "pour l'heure" été "officiellement destinataire d'une quelconque information émanant de l'autorité judiciaire".
La mort de Lily, 15 ans, le 25 janvier 2024 dans une chambre d'hôtel près de Clermont-Ferrand, avait braqué les projecteurs sur une aide sociale à l'enfance à bout de souffle et sur le recours aux hôtels pour loger des enfants faute de places suffisantes dans les structures existantes.
L'interdiction de recourir à des hôtels était prévue dans le cadre de la loi Taquet de 2022 sur la protection de l'enfance. Le décret d'application instaurant des limites à ce recours, sans toutefois l'interdire totalement, a été publié en février, quelques semaines après la mort de Lily.
Dans la foulée du drame, une commission d'enquête de l'Assemblée nationale a également été lancée et a exhorté, dans son rapport final publié en avril dernier, les autorités à "agir vite" pour refonder le secteur. La Défenseure des droits Claire Hédon a de son côté récemment interpellé l’État, pointant "de lourdes défaillances" observées en matière de protection de l'enfance.
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