Braconnage: cinq personnes, dont le milliardaire Olivier Bouygues, jugées en mars 2026

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Cinq personnes, dont le milliardaire Olivier Bouygues, sont convoquées devant le tribunal correctionnel d'Orléans en mars 2026 dans le cadre d'une enquête ouverte après des suspicions de destruction d’espèces d’oiseaux protégées sur un domaine de chasse situé en Sologne, ont annoncé jeudi le parquet et l'Office français de la biodiversité (OFB).
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Mercredi, "quatre personnes ont été placées en garde-à-vue, parmi lesquelles le propriétaire et le régisseur du domaine", tandis qu'une cinquième personne a été entendue en audition libre, ont indiqué la procureure de la République d'Orléans Emmanuelle Bochenek-Puren et le directeur régional de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) Jean-Noël Rieffel dans un communiqué commun.

La procureure avait confirmé mercredi à l'AFP qu'Olivier Bouygues faisait partie des personnes en garde à vue.

"Libérées à l'issue de leurs interrogatoires, elles sont convoquées devant le tribunal correctionnel d'Orléans" pour une audience prévue début mars 2026, est-il indiqué. Elles encourent jusqu'à sept ans d'emprisonnement et 750.000 euros d'amende.

Audience à laquelle plusieurs associations de protection de l'environnement ont déjà manifesté leur intention de se constituer parties civiles, comme la Ligue de protection des oiseaux (LPO).

"On voudrait que cette affaire serve d'exemple", a réagi auprès de l'AFP le président de la LPO Allain Bougrain Dubourg, décrivant "un réseau qui vise le profit" et "des comportements extrêmement graves qui nuisent à la biodiversité".

Début juin, le parquet d'Orléans a ouvert une enquête sous les qualifications d'atteinte illicite en bande organisée à la conservation d'une espèce animale protégée ou à son habitat et de destruction, transport et détention illicites d'une espèce animale non domestique, après la dénonciation courant 2025 de destructions d'oiseaux protégés par une personne souhaitant garder l'anonymat.

Les faits se sont déroulés sur un domaine de chasse de 600 hectares situé à La Ferté-Saint-Aubin (Loiret) et appartenant à Olivier Bouygues, fils du fondateur du groupe de BTP, de télécoms et de médias, avait indiqué une source proche de l'enquête à l'AFP.

Soupçons de braconnage dans un domaine d'Olivier Bouygues, le milliardaire en garde à vue

Armes et pièges

Lors d'une perquisition conduite début juin, les enquêteurs ont découvert dans un charnier des carcasses d'oiseaux protégés (notamment faucon crécerelle, grande aigrette, busard, buse variable, grand cormoran).

Mais il a aussi été retrouvé du matériel prohibé, comme des armes ou des pièges à mâchoires, ainsi que des documents listant les espèces à éliminer et retraçant les destructions déjà réalisées. Une pelleteuse utilisée pour l'enfouissement des cadavres d'animaux a aussi été saisie.

Les investigations, menées par la brigade de recherches d'Orléans et le service départemental de l'OFB, ont confirmé les faits initialement dénoncés, en établissant que "ces pratiques sont en cours depuis de nombreuses années sur le domaine de chasse, et se produisent en toutes saisons, avec une intensification au printemps", ont précisé le parquet et l'OFB.

"Si les faits sont niés en tout ou pour partie selon les personnes impliquées, les éléments recueillis décrivent un système de prime attaché à la destruction des animaux sur le domaine de chasse, parmi lesquels des espèces protégées", ont-ils néanmoins ajouté.

Le président de France Nature Environnement, Antoine Gatet, a estimé que "pour un dossier contrôlé qui va au tribunal, comme celui-ci, beaucoup d'autres ne vont pas au bout, faute de moyen". "Ici, les faits sont très graves", a-t-il ajouté.

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