Samedi 18 octobre, à Brienne-le-Château, dans l’Aube, une cinquantaine de personnes étaient rassemblées lors d’une soirée d’un club de parachutisme. Des participants sont apparus déguisés en membres du Ku Klux Klan et faisant des blackfaces lors d’une vidéo prise pendant la soirée.
"C’est assez courant de voir des soirées déguisées entre sautants, surtout des fêtes de fin de saison comme ce fût le cas la bas", explique Alice (le prénom a été modifié), parachutiste et licenciée de la fédération.
"Les super vilains"
"Le thème de leur fête de samedi soir était 'les super vilains'", ajoute-t-elle.
Cinq membres se sont présentés en tenue blanche du Ku Klux Klan, une société secrète suprémaciste blanche. Devant un grand bûcher en flammes, ils ont fait mine d’exécuter trois autres personnes de la soirée, qui s'étaient peint le visage en noir, ce qu’on appelle un blackface.
Cette scène a été filmée par un autre membre du club. Il a ensuite partagé les images dans un canal WhatsApp du club.
N'étant pas sur place, Alice explique avoir découvert les déguisements du Ku Klux Klan et les blackfaces le lendemain matin. Sur le groupe d'une autre zone, des pratiquants relaient les photos et vidéos de la soirée.
"Tout va très vite, on est que quelques milliers à sauter en France donc une petite communauté", précise-t-elle.
"On était très choqués par les images. Certains ont décidé d’alerter la fédération, pour qu’ils agissent vite. Certains ont dit qu’ils allaient porter plainte, je ne sais pas si cela a été fait", raconte Alice.
"Traumatisme"
Gaspard (prénom modifié) est, lui, parachutiste professionnel. Il a également été prévenu dès le lendemain matin par un ami qui était dans le groupe où les photos et la vidéo ont été partagées. Ces images le choquent, prises dans le contexte d’une soirée avec les proches des parachutistes. Sur les vidéos, on voit notamment des enfants.
Alice renchérit : "c'est un sport associatif, où tout le monde se mélange, les adultes, les jeunes, les enfants".
"C’est censé être une 'safe place' (lieu sûr, NDLR), un lieu de détente entre passionnés, pas un endroit où de telles 'blagues' sont orchestrées", déplore-t-elle.
"On a pas envie que notre sport soit associé à ça, la communauté parachutiste est très soudée, tout le monde se connaît", déclare Alice qui souligne que de telles images, associées à son sport, sont "un traumatisme".
Des femmes et des hommes
Après avoir été mis au courant, Gaspard appelle le propriétaire du centre, qui était sur place mais assure n’avoir rien vu. Les personnes déguisées en membre du Ku Klux Klan auraient enlevé leurs capuches en sa présence, faisant passer leur déguisement pour la soutane d’un prêtre.
Parmi eux se trouvaient des femmes et des hommes. Certains ont appelé Gaspard pour s’excuser.
Selon lui, les personnes qui se sont grimées le visage en noir étaient des pompiers de Paris, également parachutistes. Ces derniers auraient décidé de se faire un “blackface” en voyant les tenues du Ku Klux Klan portées par d’autres.
"Il y a des blagues racistes tout le temps"
“Le reste des gens dans la soirée n’était pas choqué, c’est ce qui m’a le plus blessé”, déplore Gaspard. Mais il n’est pas surpris.
“Le milieu du parachutisme est très raciste, il y a des blagues racistes tout le temps”, explique-t-il.
“J’ai envie que les gens sachent que ce n’est plus possible de faire ça, l’alcool n’est pas une excuse”, martèle Gaspard.
Sur Paris Match, Yves-Marie Guillaud, le président de la Fédération française de parachutisme a déploré "une chose abominable”.
“Ce n’est pas du tout un débordement alcoolisé”
Prévenue le lendemain, la Fédération française de parachutisme a publié un communiqué de presse indigné sur Facebook : “La FFP et l’ensemble des parachutistes sportifs sont consternés par la scène du KKK”, “la vision de cette scène est glaçante de réalisme”, “ce n’est pas du tout un débordement alcoolisé”.
La FPP a pris des mesures immédiates : un signalement au procureur pour provocation à la haine, effectué par la direction technique nationale de la fédération, une plainte auprès du procureur par la FFP et une convocation en conseil de discipline pour les neufs personnes identifiées sur la vidéo.