Mardi, deux frères de Christophe puis son ex-épouse, le père, la mère puis la meilleure amie d'Aurélie se sont succédé à la barre, tous profondément émus, face à l'Américain de 50 ans, suspecté de leurs assassinats, inexpressif dans le box des accusés.
"J’avais une fille merveilleuse, j'en souffre énormément, vous ne pouvez même pas imaginer", a témoigné le père octogénaire d'Aurélie, espérant que Charles D. "paye très cher".
Aurélie, 43 ans, et Christophe, 42 ans, se connaissaient depuis seulement deux semaines quand ils ont été tués par balles fin juillet 2020 au domicile d'Aurélie, à Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne). Leurs corps ont été retrouvés nus, criblés de balles et couverts de sang dans le lit de la quarantenaire.
Nombreux éléments à charge
Charles D., 50 ans, a toujours nié être auteur d'un féminicide couplé à un assassinat, mais les investigations ont fait ressortir de nombreux éléments à charge.
Concentré, le front légèrement plissé, l'Américain a écouté attentivement les proches des victimes.
Leurs familles se sont découvertes à travers ce drame, les liens unissant les défunts étant très récents.
Elles ont pourtant été saisies par la même émotion quand ont été projetées dans la salle d'audience les ultimes clichés des deux amants après leur unique rendez-vous.
"21 heures 42, c'est les dernières images", commente sobrement le président. Sur cet extrait de vidéosurveillance, on voit une femme élégante, en robe et talons, qui marche de dos à côté d'un homme dans un parking.
La mère d'Aurélie, 78 ans, quitte la salle en sanglotant.
"Dévasté"
Très digne dans sa veste beige, cheveux rouges coupés au carré, cette retraitée qui a désormais la garde des trois filles d'Aurélie et de l'accusé, a décrit "une belle personne", "quelqu'un de très lumineux".
Elle raconte le mariage seulement 13 jours après avoir rencontré aux Etats-Unis l'accusé, surnommé "Chuck", puis le retour en France en raison de difficultés financières, les tensions, jusqu'au début de la procédure de divorce que la victime n'aura pas le temps de finaliser.
L'audition des proches de Charles D. a fait ressortir un différend avec sa femme au sujet de la garde de leurs trois filles, qui vivaient en France avec leur mère mais passaient les vacances de Noël et d'été avec leur père outre-Atlantique.
Aurélie "a toujours essayé de maintenir des bonnes relations entre ses filles et leur père", décrit sa mère.
L'un des frères de Christophe, "dévasté" par sa disparition, dépeint de son côté un petit frère "investi, sérieux, travailleur, gentil" dont la mort a "fait exploser notre famille". Leur père, qui avait perdu la mère de ses enfants quelques mois auparavant, est décédé six mois plus tard.
"Quand on est innocent, on ne s'excuse pas, et deuxièmement vos excuses (...), on ne les acceptera jamais", a-t-il continué, en référence aux excuses de l'accusé au début du procès.
"Jamais je ne pardonnerai", a plus tard déclaré comme en écho l'ex-épouse de Christophe, avec qui elle a eu une fille, aujourd'hui âgée de 12 ans.
La mère d'Aurélie, elle, n'a "pas de haine", souffle-t-elle, mais "s'il est coupable" de ce double assassinat, "j'aimerais qu'il dise la vérité pour que ses filles puissent se reconstruire".
L'une d'entre elles, toute jeune adolescente, a été hospitalisée quelques jours avant le début du procès.








