Double infanticide en Gironde: une accusée "solaire" avant "l'enfer" de la dépression post-partum

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"Solaire", "pétillante", "positive": au procès d'une femme jugée depuis mercredi à Bordeaux pour avoir étouffé ses jumelles de trois mois, des témoins ont présenté l'accusée sous un jour très différent des "idées noires" dont elle dit avoir été "submergée" lors des faits.
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Le 19 décembre 2022 à Lamarque (Gironde), Jennifer Bertrand avait mis Ambre et Emma à la sieste vers midi, avant de découvrir, près de quatre heures plus tard, qu'elles ne respiraient plus.

Les rapports d'autopsie ont conclu à une asphyxie par suffocation résultant de l'action combinée des doudous posés sur l'ensemble du visage, et de l'appui d'une main. L'accusée reconnaît avoir effectué le geste mais conteste l'intention meurtrière.

"Jennifer a toujours été la plus pétillante, la plus souriante de toute la fratrie" a témoigné devant la cour d'assises de la Gironde son frère cadet qui la contactait quand lui-même avait besoin de se sentir mieux.

"Elle est très positive, déterminée et s'est toujours battue pour trouver sa voie (...) et rechercher ce qui pouvait lui procurer du bonheur et de la joie", a-t-il assuré.

"Descente aux enfers"

"Fillette turbulente, souriante et drôle", selon l'enquêtrice de personnalité, cette titulaire d'un BEP vente est aussi présentée par un ancien employeur, cuisiniste près de Bordeaux, comme une "salariée solaire, très appréciée des clients" et capable d'amadouer "les plus râleurs".

Solaire ? "Oui j'étais comme cela", répond cette femme de 37 ans dont le visage doux et accablé tranche avec sa voix claire et déterminée, lorsque la présidente de tribunal l'interroge sur son caractère.

"Je suis généreuse, c'est ma principale qualité. Mon pire défaut, peut-être pas assez sociale", souligne celle qui "n'a pas d'amis". "Elle était très seule sauf avec son mari", abonde l'enquêtrice de personnalité à propos de l'accusée qui a grandi dans une famille "sans effusion d'amour" et en très grande partie absente.

Quinze jours après la naissance de ses filles, s'ensuit une "descente aux enfers" où elle est assaillie "d'idées suicidaires et d'attaques de panique".

Jennifer Bertrand est alors hospitalisée pendant deux mois au sein de l'unité psychiatrique spécialisée mère-enfant d'un centre hospitalier de Bordeaux, pour une dépression du post-partum. Elle en ressort environ deux semaines avant les faits.

"Submergée par des idées noires", elle avait caché à son époux la gravité de sa rechute", a-t-elle dit à l'enquêtrice.

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