Jugé avec sa deuxième compagne pour le meurtre à Montargis de Clothilde, enceinte, le mari nie tout

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Sileye Ba, soupçonné d'avoir tué son épouse enceinte de huit mois en août 2022 à Montargis (Loiret), a nié mercredi toute responsabilité devant la cour d'assises du Loiret, où il est jugé avec sa deuxième compagne pour meurtre aggravé jusqu'à jeudi.
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"Je n'ai jamais pris l'initiative de la frapper, jusqu'à la blesser ou la tabasser, sauf pour l'empêcher de se faire du mal", a martelé au troisième jour du procès l'accusé, vêtu d'une chemise bleu turquoise à fleurs roses.

Âgé de 38 ans, de nationalité sénégalaise, il est jugé avec sa deuxième compagne Dieynaba Kande, sénégalaise également et âgée de 34 ans, pour meurtre aggravé et violences habituelles. 

Ils sont tous les deux soupçonnés d'avoir tué dans la nuit du 2 au 3 août Clothilde, 31 ans et enceinte de huit mois. 

Comme à l'ouverture du procès, où il avait estimé que son seul crime était d'avoir vécu "avec deux femmes sous le même toit", Sileye Ba a balayé toute accusation de responsabilité.

Il a cette fois décrit des violences habituelles entre Clothilde et sa deuxième compagne, un climat qui s'est dégradé jusqu'à cette dernière altercation.

Un conflit provoqué par un épisode de tromperie, que lui aurait rapporté l'une de ses filles, avant qu'il ne dégénère en coups, puis en forte brutalité. 

"C'est Clothilde qui s'est d'abord porté les premiers coups", rongée par la culpabilité, s'est-il défendu, ajoutant que Dieynaba Kande avait aussi porté des coups, "pour la punir". 

Le bébé qu'elle portait était quasiment à terme et viable. Mariée avec l'accusé, elle est décédée à l'hôpital, après avoir été retrouvée inconsciente à son domicile.

"Papa a été obligé de tuer maman à cause de moi"

Selon l'autopsie pratiquée sur le corps de la victime, la cause de sa mort "est un traumatisme crânien grave", tandis que certaines des blessures "s'apparentent à des actes de torture et de barbarie. Les nombreuses lésions sont d'âges différents (...) et ont été constatées sur l'ensemble du corps".

Se livrant à des explications parfois floues, souvent variables, l'accusé n'est pas parvenu à expliquer d'autres blessures, comme une coupure à l'oreille ou des lésions vaginales, pas plus que le récit de la soirée rapporté par l'une de ses filles aux policiers.

"Papa a été obligé de tuer maman à cause de moi", avait relaté l'enfant de 5 ans.

"Je ne comprends pas pourquoi ma fille dit ce qu'elle a dit", s'est-il contenté de répondre, évoquant des "allégations".

Appartement insalubre

Au cours de son interrogatoire, qui a semblé dessiner un triangle amoureux sous emprise et sur fond de prosélytisme, Sileye Ba a dit avoir rencontré la victime quelques années plus tôt au Sénégal, avant de se marier et de revenir habiter en France avec elle.

La deuxième compagne, arrivée en France dans le logement deux ans plus tard, accompagnait presque systématiquement Clothilde dans ses déplacements, y compris lorsqu'elle se livrait à la mendicité.

"Je voulais juste qu'on vive en harmonie, une relation avec deux femmes c'était nouveau pour Clothilde", a lancé Sileye Ba, sous les yeux dépités des proches de la victime.

Les enquêteurs ont décrit l'appartement exigu dans lequel ils vivaient comme insalubre et dégradé, où s'accumulaient des "aliments périmés".

Les trois enfants du couple âgés de 2, 3 et 5 ans, comme celui de la seconde compagne, âgé de 3 ans, rapidement placés auprès de l'aide sociale à l'enfance, présentaient eux-mêmes un état de saleté notable.

Sileye Ba et Dieynaba Kande, qui doit encore être entendue par la cour, encourent la réclusion criminelle à perpétuité. 

Le verdict est attendu jeudi.

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