Meurtre dans une mosquée: l'auteur mis en examen pour "assassinat à raison de la religion" et écroué

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L'homme qui a tué à coups de couteau Aboubakar Cissé, jeune Malien de 22 ans, dans la mosquée de La Grand-Combe (Gard), a été mis en examen pour "assassinat (meurtre prémédité) à raison de la race ou de la religion, et placé en détention provisoire", a indiqué vendredi le parquet de Nîmes.
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Arrivé dans l'après-midi sous escorte des policiers d'élite du Raid au tribunal de Nîmes, il a été présenté à un juge d'instruction et "mis en examen du chef d'assassinat (meurtre prémédité) à raison de la race ou de la religion, et placé en détention provisoire, décision conforme aux réquisitions du parquet", a indiqué la procureure de Nîmes, Cécile Gensac, dans un communiqué.

Olivier Hadzovic, un Français de 20 ans "n'a pas été en mesure de faire des déclarations et sera interrogé ultérieurement par le magistrat instructeur", a-t-elle précisé.

Le meurtrier, dont l'acte filmé par la vidéosurveillance a ravivé en France un débat autour du terme même "d'islamophobie", aurait agi, selon de précédentes déclarations de la magistrate, en raison d'une "envie obsessionnelle de tuer une personne".

Ce silence n'est "en aucune manière d'une quelconque velléité d'obstruction ou de soustraction, mais une incapacité, à l'heure où je vous parle, de s'exprimer", a déclaré aux journalistes Adrien Gabeaud, un des avocats du jeune homme. Il n'a pas donné plus de détails, évoquant "notamment des raisons médicales" et "liées à son psychisme", et soulignant qu'il allait demander "un certain nombre d'expertises".

57 coups de couteau

Me Gabeaud s'est refusé à "donner davantage d'éléments sur le fond du dossier", relevant toutefois "qu'aucune connotation à caractère terroriste n'a jamais été juridiquement envisagée". 

En fuite pendant près de trois jours, le meurtrier d'Aboubakar Cissé, frappé de 57 coups de couteau le 25 avril dans la salle de prière de la mosquée Khadidja à La Grand-Combe, s'était finalement rendu à la police italienne à Pistoia, près de Florence.

Sous le coup d'un mandat d'arrêt européen, il a consenti à être remis à la France dans le cadre d'une procédure accélérée.

Une cérémonie a eu lieu jeudi à Bamako en hommage à Aboubakar Cissé, qui avait 22 ans et dont le corps a été rapatrié dans son pays d'origine, en présence de proches et de responsables qui ont demandé aux autorités françaises que "la justice aboutisse".

En France, des organisations et personnalités appellent à une marche dimanche à Paris pour dénoncer "la progression de l'islamophobie" et rendre hommage au jeune homme, arrivé en France vers l'âge de 15 ans et qui vivait depuis plusieurs années dans des conditions précaires à La Grand-Combe.

Le meurtrier de la mosquée de La Grand-Combe s'est rendu en Italie

"Dire les choses"

"Il faut que tout le monde prenne part au combat pour protéger les musulmans de France", assure Sofia Tizaoui, secrétaire syndicale de l'Union syndicale lycéenne, une des organisations à l'initiative de la mobilisation.

Le terme d'islamophobie n'est pratiquement pas utilisé par la droite, qui le conteste. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dont l'attitude dans cette affaire a été critiquée à gauche et par des proches de la victime, a estimé qu'"il y a une connotation idéologique du terme +islamophobie+ très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l'utiliser".

Le Premier ministre, François Bayrou, a au contraire défendu son emploi du terme "islamophobe" après le meurtre d'Aboubakar Cissé, affirmant qu'"il faut avoir le courage de dire les choses telles qu'elles sont".

Olivier Hadzovic a "agi dans un contexte isolé, sans revendication idéologique ou lien avec une organisation (...). Les ressorts pour agir de l'agresseur sont très vite apparus comme profondément personnels, l'envie de tuer quelqu'un, quelle que soit la cible", avait déclaré Mme Gensac le 2 mai.

Rien ne permet encore d'expliquer pourquoi "il entre dans cette mosquée" et agresse cette personne précise, avait insisté la magistrate, rappelant que des contenus en ligne du futur meurtrier avaient été signalés. Il y faisait part "d'envies de viols de femmes, de meurtres ou de viols de cadavre". 

Selon l'avocat l'ayant assisté en Italie, le jeune homme a reconnu le meurtre mais nié avoir agi par haine de l'islam, indiquant "avoir tué la première personne qu'il a trouvée".

Les avocats de la famille Cissé réclament eux, en vain jusqu'à présent, que l'enquête soit requalifiée en "assassinat terroriste".

Le meurtrier de la mosquée de La Grand-Combe nie avoir agi par haine de l'islam

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