Meurtre d'Arthur : "un acharnement", selon sa sœur

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"Un acharnement" : ce sont les termes employés mercredi par Lisa pour décrire le lynchage subi en 2021 par son petit frère Arthur, tué dans une rixe à Sainte-Geneviève-des-Bois et dont le meurtrier présumé est jugé par la cour d'assises de l'Essonne.
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Les agresseurs "ne se sont pas contentés de le frapper: il y a eu volonté de le tuer", a déclaré Lisa, plusieurs fois rattrapée par les sanglots.

"Ils ont continué à lui porter des coups alors qu'il était inconscient, pas seulement avec leurs poings et leurs pieds mais aussi avec un casque de scooter", a-t-elle relaté. "Aucun être humain ne devrait avoir à subir ce genre de choses."

Son petit frère est mort après avoir été roué de coups par plusieurs personnes dans la nuit du 15 au 16 juillet 2021.

Arthur et son ami Amine, 18 ans, se sont rendus ce soir-là sur un scooter volé à Sainte-Geneviève, une commune à une vingtaine de kilomètres au sud de Paris.

Originaires de la commune voisine de Saint-Michel-sur-Orge, les deux amis ont été passés à tabac dans un contexte de tensions récurrentes entre bandes de jeunes des deux villes.

Amine, blessé, est parvenu à s'enfuir mais Arthur a été violemment frappé et en partie dénudé par ses agresseurs. Ayant perdu connaissance, il a été transporté à l'hôpital, où il est décédé deux jours plus tard.

"Trophée macabre"

La scène a été filmée par ses assaillants et partagée sur les réseaux sociaux, souvent accompagnée de commentaires moqueurs ou menaçants.

"Un trophée macabre" pour Lisa auquel se sont ajoutées "les provocations constantes" après le décès de son frère.

La jeune femme a ainsi raconté que la plaque commémorative qu'elle a fait installer lui à Sainte-Geneviève a été dégradée à plusieurs reprises.

Elle a aussi dit ne pas comprendre que seul un accusé, José M.M., comparaisse. Identifié sur l'une des vidéos de l'agression, il a été interpellé une dizaine de jours après les faits.

S'il reconnaît sa présence sur les lieux, José M.M., aujourd'hui âgé de 26 ans, nie avoir porté les coups mortels.

En juin 2023, près de deux ans après la mort d'Arthur, trois suspects ont été mis en examen, un autre placé sous le statut de témoin assisté. Mais, à l'issue de l'instruction, ils ont bénéficié de non-lieux en l'absence de "charges suffisantes".

Léa, l'autre soeur aînée d'Arthur, dit regretter que les meurtriers "se promènent librement pendant que nous essayons de vivre avec une famille brisée".

Volonté d'en découdre ?

En trame de fond du dossier, la rivalité entre jeunes de Sainte-Geneviève-des-Bois et Saint-Michel-sur-Orge. Arthur avait lui-même été impliqué dans plusieurs rixes. Il faisait également partie d'un groupe de rap, "2.4 secteur", implanté dans le quartier saint-michellois du Bois-des-Roches et opposé, à coups de clips interposés, aux Génovéfains de la "700 S".

Selon les enquêteurs, sa présence à Sainte-Geneviève le soir de sa mort pourrait être liée à une volonté d'en découdre avec des jeunes de Saint-Michel. Une arme avec l'ADN d'Arthur a été retrouvée à proximité du lieu du crime.

Mais pour Majda, l'ex-petite amie d'Arthur, "il était dans l'optique d’arrêter tout ça, il voulait reprendre sa vie en main". Sa sœur Lisa a rappelé que le décès de leur mère, en 2018, l'avait profondément bouleversé.

"J’attends beaucoup de ce jugement", a-t-elle également affirmé. "Cela fait quatre longues années qu’on vit avec le poids de ce décès. J'espère que justice sera faite au nom de mon petit frère."

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