Il restera le premier chef de l'Etat français, et de l'Union européenne, à avoir été incarcéré. Ce mardi 21 octobre, dans la matinée, Nicolas Sarkozy passera les portes de la prison de la Santé.
"Il sera à 10h00 en détention", a indiqué ce matin sur Europe 1 l'un de ses deux avocats, Me Christophe Ingrain.
Le 25 septembre, le tribunal correctionnel de Paris avait condamné l'ancien président à cinq ans de prison. Il a été reconnu coupable d'avoir, en toute connaissance de cause, laissé ses collaborateurs Claude Guéant et Brice Hortefeux rencontrer à Tripoli un dignitaire du régime de Mouammar Kadhafi pour discuter d'un financement occulte de sa campagne présidentielle de 2007.
L'ancien chef de l'Etat a fait appel et se dit innocent.
Rassemblement de soutien
Louis Sarkozy a appelé à un rassemblement de soutien pour son père, assurant sur instagram que cette mobilisation "n'a rien de politique" et représente "un geste de soutien". Un appel relayé par Pierre Sarkozy ou encore Cécilia Attias, l'ex-femme de Nicolas Sarkozy, qui ne pouvant être présente, a déclaré son "soutien à l’homme d’État qu’il a été et à l’être humain qu’il reste".
"La tête haute"
Nicolas Sarkozy n'hésite pas non plus à prendre la parole. Dimanche 19 octobre, à quelques jours de son incarcération, il assure auprès de La Tribune Dimanche qu'il n'a "pas peur de la prison" et qu'il "garderait la tête haute". Il devrait profiter de son temps passé derrière les barreaux pour écrire un livre, selon l'hebdomadaire.
Il a également confié au Figaro qu'il entrerait à la Santé muni d'une biographie de Jésus et du roman "Le Comte de Monte-Cristo", l'innocent injustement condamné le plus célèbre de la littérature française.
Demande de mise en liberté
Dès qu'il aura été écroué à la prison de la Santé, les avocats de Nicolas Sarkozy déposeront une demande de mise en liberté.
Car depuis son appel, il est redevenu présumé innocent et ne peut être maintenu en détention que si c'est l'"unique moyen" d'empêcher des pressions sur témoins ou victimes, une fuite ou une récidive, des interactions avec des complices, ou bien d'assurer sa sécurité. Si ce n'est pas le cas, il doit être remis en liberté, le cas échéant en l'assignant à résidence avec un bracelet.
La justice aura deux mois pour trancher, même si le délai devrait être plus court.
"Quoi qu'il arrive", ce sera "trois semaines, un mois de détention", a estimé Me Ingrain.
Plusieurs nuit donc, pour l'ancien chef de l'Etat, âgé de 70 ans, dans une des quinze cellules de 9 m2 du quartier d'isolement, selon des agents pénitentiaires connaissant bien la seule prison située à Paris.
Ce choix éviterait ainsi à Nicolas Sarkozy les interactions avec les autres détenus pour assurer sa sécurité et éviter toute photographie avec un de ces portables qui pullulent en détention, font valoir ces sources.
"Confusion des rôles"
À l'approche de son incarcération, l'ancien chef de l'Etat n'est pas resté isolé.
Emmanuel Macron a reçu son prédécesseur vendredi. Interrogé à ce sujet, il a rappelé ses propos "toujours très clairs sur l'indépendance de l'autorité judiciaire", mais a soutenu qu'il était "normal" sur "le plan humain" de recevoir un de ses "prédécesseurs, dans ce contexte".
De son côté, Gérald Darmanin, qui avait rendu visite à son mentor en politique après l'annonce de sa condamnation, a assuré qu'il irait le voir en prison, en tant que Garde des Sceaux.
Un choix critiqué par l'Union syndicale des magistrats (USM), qui a pointé "une démarche médiatique". Le Syndicat de la magistrature (SM) a dénoncé une "confusion des rôles" entre ceux de ministre de la Justice et d'ami de l'ancien chef de l'Etat.