Il a été mis en examen pour "meurtre sur une personne chargée d'une mission de service public", une circonstance aggravante, et placé sous le statut de témoin assisté pour des "violences aggravées" sur un gendarme lors de son interpellation immédiatement après les faits, a annoncé le procureur de Dijon, Olivier Caracotch, dans un communiqué.
Un juge des libertés et de la détention a ensuite décidé de le placer en détention provisoire "dans le quartier pour mineurs d'une maison d’arrêt", a ajouté le procureur de Dijon.
Devant le juge d'instruction, Quentin G. a "confirmé les déclarations qu'il avait faites lors de sa garde à vue", selon la même source.
L'adolescent avait dit en garde à vue qu'il avait voulu tuer une surveillante, "n'importe laquelle", avait rapporté mercredi le procureur de Chaumont Denis Devallois, dressant le portrait glaçant d'un adolescent "sans compassion", "fasciné par la violence" et "en perte de repères", mais sans "aucun signe évoquant un possible trouble mental".
Antoine Chateau, l'avocat de Quentin G., a dit dans un communiqué transmis jeudi à l'AFP se dissocier "de certaines affirmations faites" par le procureur de Chaumont, en insistant sur la nécessité de mener à bien des expertises psychologiques et psychiatriques "au plus tôt de l'enquête".
Du fait de sa minorité, le mis en cause encourt une peine de 20 ans de réclusion criminelle au lieu d'une peine de prison à perpétuité.
Il avait été interpellé mardi juste après les faits, lors d'un contrôle inopiné des sacs des élèves par des gendarmes devant son établissement.
Surveillante tuée à Nogent : ce qu’a dit le procureur lors de sa conférence de presse
Minute de silence
Après deux jours de fermeture, le collège Françoise-Dolto de Nogent a rouvert ses portes jeudi, mais seulement quelques dizaines d'élèves sont revenus si rapidement après le drame, a constaté l'AFP sur place.
Ils ont observé une minute de silence à midi, comme des établissements scolaires de toute la France, en hommage à Mélanie, la victime qui était âgée de 31 ans.
Thomas, 16 ans, un élève dans la même classe de 3e que Quentin G., qui a assisté à la minute de silence à Nogent, se souvient d'une surveillante "gentille et adorable", "une belle personne". Concernant l'auteur des faits, il parle d'un garçon "plutôt sympa" mais qui "des fois, (n')avait pas le moral".
Ce temps de recueillement marque "l'expression collective de notre refus absolu de toute forme de violence et de notre détermination à soutenir ensemble, plus que jamais, notre école et ceux qui la font", a déclaré jeudi la ministre de l'Education nationale Elisabeth Borne.
Voici les 3 principales mesures évoquées après la mort de la surveillante à Nogent
Marche blanche vendredi
Le président de la République Emmanuel Macron a déploré jeudi en Conseil des ministres une "désinhibition de la violence (...) pour laquelle il va falloir évidemment apporter des solutions", a rapporté la porte-parole du gouvernement Sophie Primas.
"Face à la tristesse, à l'indignation, au choc que nous partageons, nous devons porter haut nos valeurs humanistes, notre fraternité, notre attention à chacune et chacun", a écrit la proviseure d'un lycée parisien dans un message destiné à l'ensemble de sa communauté scolaire consulté par l'AFP.
"On voit l'état psychologique de nos élèves se dégrader d'année en année", a alerté jeudi Chloé Juvin, 27 ans, surveillante dans un collège de Rennes interrogée par l'AFP.
"On est multi-casquette, on fait un peu l'infirmière, un peu le psy, en fait on est la première ligne qu'ils trouvent", a estimé l'une de ses collègues, Clémentine Bidaud, 29 ans.
Le drame de Nogent a eu un énorme retentissement dans les sphères éducatives et politiques.
Au-delà de l'interdiction immédiate de la vente de couteaux aux mineurs, et "l'expérimentation" de portiques de sécurité voulue par le Premier ministre François Bayrou, le camp présidentiel et la gauche préviennent que la réponse est multiple et qu'il n'y a pas de "solution magique". La droite, elle, insiste sur "la sanction".
Les proches de la victime ont annoncé une marche blanche au départ du collège de Nogent, vendredi à 18H00.