Le procès des assassins présumés de Simon Arthuis s'ouvre au moment où plusieurs tentatives d'enlèvement d'acteurs du marché des cryptomonnaies occupent la justice française, des soupçons planant sur l'existence de réseaux organisés.
Lundi aux assises, pas de donneurs d'ordres, ni de petites mains recrutées... Le banc des accusés sera occupé par des proches de la victime.
Jusqu'au 14 juin, l'ancien conjoint de Simon Arthuis, Mickaël C. et son frère jumeau Jonathan C. (36 ans) comparaîtront aux côtés de deux de leurs proches, Benjamin A. (22 ans) et Dylan H. (26 ans).
En août 2021, le corps de Simon Arthuis, un étudiant originaire de Tours, avait été retrouvé dans un étang à Plancher-Bas, petite commune située dans l'est de la Haute-Saône.
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"Séance de torture"
L'autopsie avait révélé plus d'une vingtaine de coups de couteau au niveau du cou et du torse, dont aucun n'a été mortel, et faisant penser au procureur de Besançon de l'époque, Etienne Manteaux, à "une séance de torture".
L'étudiant est finalement mort noyé, après avoir été jeté dans l'étang, encore agonisant.
D'après les investigations de la section de recherches de la gendarmerie de Besançon, ce passionné d'informatique avait créé "un logiciel pour boursicoter dans le domaine des cryptomonnaies".
Il avait révélé à son compagnon, Mickaël C., alors âgé de 32 ans et domicilié à Montbéliard (Doubs), avoir amassé environ 200.000 euros en cryptomonnaies, dont des bitcoins. Ce dernier en avait informé son frère jumeau Jonathan C. et sa femme, domiciliés en Haute-Saône, qui hébergeaient deux jeunes de leur famille à la personnalité fragile, âgés de 18 et 23 ans : Benjamin A. et Dylan H.
Lors de la découverte du cadavre, le compagnon trentenaire avait d'abord déclaré aux gendarmes avoir été la cible, avec l'étudiant, d'une agression homophobe, avant d'admettre lors de sa garde à vue avoir participé à l'assassinat, avec les deux jeunes de 18 et de 23 ans.
Le trio avait reconnu son implication, "même si personne n'assume avoir donné les coups de couteau", avait souligné le procureur. Les suspects avaient finalement révélé que le frère jumeau et sa femme les avaient aidés à préparer le crime.
Liens de famille
Ces cinq individus aux revenus modestes avaient déjà déterminé la répartition du butin à venir. Une première tentative d'assassinat par deux des accusés avait d'ailleurs échoué la veille du crime et sera également jugée lors du procès.
La femme de Jonathan C. avait été mise en examen en 2021 pour "non dénonciation d'assassinat" et aurait dû être jugée en même temps que les quatre suspects mais des problèmes de santé ont conduit la justice à repousser son procès, à part, en correctionnelle, selon l'un des avocats de la défense.
"Tous ont des liens de famille plus ou moins éloignés. Ils se connaissent tous très, très bien", explique à l'AFP Enguerrand Bagot, l'avocat de Dylan H.
Celui-ci décrit le milieu "carencé" des accusés, face à la famille "bien insérée" de la victime, dont les parents et le frère se sont constitués partie civile.
L'enjeu de ce procès sera de déterminer l'implication de chacun: qui a porté les coups, à quel point le crime était-il prémédité?
Les agressions visant des professionnels des cryptomonnaies et leurs proches se sont multipliées ces derniers mois.
Signe que la menace est prise au sérieux, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a réuni mi-mai les professionnels de la cryptomonnaie pour "prendre ensemble des mesures pour les protéger".
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