La lettre porte la mention “secret” en lettres capitales rouges...
Révélée dans un reportage de l'émission C Dans L'Air, diffusé dimanche sur France 5, la missive montre que Bruno Le Maire avait alerté le président sur le dérapage des comptes publics dès le 6 avril 2024.
Des recommandations restées lettre morte
Celui qui était alors ministre de l’Economie y mettait en avant la chute des recettes fiscales, demandait des mesures d'économies pour limiter le déficit à 4,9% en 2024 et proposait une loi de finances rectificative (LFR).
Il estimait notamment qu'il était nécessaire de mettre en place une "stratégie ambitieuse de contrôle de nos finances publiques, pour revenir sous les 3 % de déficit en 2027, conformément [aux] engagements [du président]".
Mais ses recommandations n'avaient pas été suivies par Emmanuel Macron à l'époque. Le déficit public avait lui atteint 5,8% du PIB cette année-là. Bruno Le Maire avait ensuite été accusé d'être responsable des problèmes budgétaires de la France, étant même surnommé "l'homme aux 1 000 milliards" de dette.
Dans cette lettre, émise deux mois avant les élections européennes à l'origine de la dissolution, Bruno Le Maire affirmait que sans loi de finances rectificative, le gouvernement ouvrirait "un contentieux avec toutes les oppositions" et pourrait être accusé d'"insincérité".
"Nous risquons de nous faire accuser de cacher notre copie", avait-il écrit, prévenant Emmanuel Macron que "toute stratégie d'évitement est vouée à l'échec".
Et il avait vu juste. En marge de l’arrivée de Michel Barnier à Matignon, le Parlement avait tenté de comprendre les raisons du dérapage budgétaire et avait auditionné Bruno Le Maire, la droite l'accusant d’”insincérité” budgétaire et d’”opacité”.
"Ils venaient tous gémir"
Démissionnaire depuis la dissolution surprise de l’Assemblée par Emmanuel Macron le 9 juin 2024, l’ex-locataire de Bercy a quitté son ministère en septembre de la même année. Puis ce fut l'astreinte au silence pendant presque un an, brisée le 18 octobre dernier.
Dans un podcast diffusé par TF1, Bruno Le Maire s'est défendu et a dénoncé l’hypocrisie de certains responsables politiques.
"Ils venaient tous gémir, pleurer dans mon bureau pour que je dépense plus", a-t-il raconté. "Ils ont tous déposé des amendements qui représentent des dizaines de milliards d'euros de dépenses supplémentaires. Tous ! La droite, les oppositions, le Rassemblement National, tous ! Et aujourd'hui, ce sont les mêmes qui viennent me dire '1 000 milliards d'euros de dettes'. Quelle fourberie !"
Questionné ce lundi sur France Info, l'actuel ministre de l'Economie ,Roland Lescure, a assuré qu'il n'avait jusque-là pas connaissance de cette lettre d'alerte de son prédécesseur. "Je me sens aussi responsable que lui et que tous les autres de la situation dans laquelle on est", a-t-il déclaré.








