Gel des pensions de retraite, hauts revenus...: découvrez les premières mesures du projet de budget 2026 du gouvernement

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Le projet de budget dévoilé ce mardi 14 octobre par Sébastien Lecornu prévoit notamment une taxe sur les holdings patrimoniales et des économies dans le champ de la santé. Le gouvernement indique être ouvert aux compromis avec le Parlement.
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Le budget du Premier ministre Sébastien Lecornu n'a rien de définitif. Soumis au Conseil des ministres ce mardi 14 octobre, le projet de loi de finances sera ensuite débattu à l'Assemblée nationale.

L’objectif de déficit public à 4,7 % du produit intérieur brut (PIB) pourra être assoupli et se rapprocher de 5 %, a souligné Sébastien Lecornu. Une marge de manoeuvre pour absorber l'impact d'une suspension de la réforme des retraites ?

Le Parti socialiste attend en tout cas le gouvernement au tournant et le menace de censure si la réforme des retraites n'était pas suspendue.

Voici les premières mesures du projet de budget de Sébastien Lecornu.

Effort budgétaire d'une trentaine de milliards d'euros

Le projet de budget que Sébastien Lecornu va présenter ce mardi propose un effort budgétaire d'une trentaine de milliards d'euros, selon l'avis rendu lundi par Haut conseil des finances publiques sur ce document.

Cet effort se décompense en environ 17 milliards d'euros d'économies de dépenses, et autour de 14 milliards d'euros supplémentaires grâce à des mesures sur les recettes fiscales.

Recettes :

Gel du barême de l'impôt sur le revenu

Les tranches du barème de l'impôt sur le revenu ne seront pas revalorisées en tenant compte de l'inflation, conduisant des ménages à devenir imposables et d'autres à payer davantage d'impôt sur le revenu. La mesure doit générer 1,9 milliard d'euros, selon l'estimation du gouvernement citée par un avis du Haut Conseil des Finances publiques.

Contribution sur les plus hauts revenus

Sébastien Lecornu prévoit de prolonger d'un an la contribution différentielle sur les plus hauts revenus instaurée en 2025.

Cette contribution différentielle sur les plus hauts revenus (CDHR), appliquée aux ménages dont les revenus dépassent 250 000 euros pour un célibataire et 500 000 euros pour un couple, fixe un taux minimal d'imposition de 20%

Suppression de 23 niches fiscales

Le projet de budget prévoit de supprimer 23 niches fiscales jugées "obsolètes ou inefficaces" parmi les 474 existantes.

Certains de ces dispositifs touchent beaucoup de foyers, comme l'exemption d'impôt sur les indemnités journalières pour affection longue durée ou la réduction d'impôt pour frais de scolarité dans le secondaire et le supérieur.

Surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises

La surtaxe sur le bénéfice des grandes entreprises instaurée en 2025 pourrait être prolongé d'un an mais réduite de moitié.

Cette contribution, qui concerne les 400 plus grandes entreprises qui réalisent un chiffre d'affaires d'au moins 1 milliard d'euros en France, devrait générer 4 milliards d'euros, moitié moins qu'en 2025.

Taxe sur les holdings patrimoniales

Nouvelle mesure proposée par le gouvernement : une taxe sur les holdings patrimoniales, parfois utilisées pour contourner l'impôt.

"Inspirée de taxes voisines en place dans plusieurs autres pays, comme les États-Unis et l’Irlande, cette taxe vise à faire échec aux stratégies de contournement de l’impôt par la thésaurisation de revenus non distribués dans des sociétés, ces revenus échappant ainsi à l’impôt", précise le document.

Suppression de 3 119 postes de fonctionnaires

Le gouvernement envisage également 3 119 postes de fonctionnaires en moins en 2026, avec un effort de "rationalisation" principalement porté par les opérateurs de l'Etat, selon des documents budgétaires consultés par l'AFP.

Avec "les réductions de postes prévues au sein des caisses de sécurité sociale, c'est au total 3.000 emplois qui ne seront pas remplacés et participeront à la maîtrise de l'emploi public", peut-on notamment lire. L'effort devrait se traduire par la suppression de 1.735 emplois publics parmi les 434 opérateurs et agences de l'Etat.

CVAE

Sébastien Lecornu souhaite baisser la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), un impôt de production, et de la supprimer définitivement en 2028, deux ans avant l'échéance prédédemment prévue.

"Afin de soutenir la dynamique de réindustrialisation française et d'accompagner nos petites et moyennes entreprises et nos entreprises de taille intermédiaire, il est proposé de reprendre, dès 2026, la suppression progressive de la CVAE", indique le document.

Taxe sur les petits colis

Cette taxe ciblerait les petits colis livrés par des entreprises établies hors de l'Union européenne, notamment de Chine, accusés d'une concurrence agressive qui bouscule les commerces français.

Le gouvernement en attend 500 millions d'euros.

Elargissement de la réduction d'impôts pour les dons aux associations

Le gouvernement souhaiterait doubler le plafond des dons aux associations qui ouvrent droit au taux de 75% de la réduction d'impôt. Le plafond passerait de 1.000 euros de dons annuels à 2.000 euros.

Dépenses :

Gel des retraites et des prestations sociales

Un "gel de l'ensemble des retraites de base" en 2026 est également sur la table, ainsi qu'un gel des prestations sociales comme des allocations familiales.

Le projet de budget prévoit de sous-indexer les pensions de 0,4 point pour les années suivantes, à partir de 2027 et de remplacer l'abattement de 10% sur les retraites par un abattement forfaitaire de 2 000 euros.

Ce nouveau mécanisme aura a pour effet "d’améliorer la situation des couples de retraités les plus modestes" mais mettra plus à contribution les autres retraités.

Baisse des crédits ministériels

Beaucoup de ministères verront leurs crédits réduits, à l'exception notable de celui des Armées qui bénéficie d'une augmentation de 6,7 milliards d'euros, jugée nécessaire au vu de la hausse des menaces, notamment celle de la Russie.

Economies dans le champ de la santé

Le projet prévoit de réduire le déficit de la Sécu à 17,5 milliards d'euros en 2026, après 23 milliards d'euros en 2025.

Cette réduction repose sur d'importantes économies: la progression des dépenses d'Assurance maladie serait de seulement 1,6% pour arriver à 270,4 milliards, soit bien moins que l'augmentation naturelle des dépenses. Le gouvernement prévoit ainsi 7,1 milliards d'économies dans le champ de la santé.

Aides de l'Etat aux entreprises

Le budget propose "un recentrage des aides de l'Etat aux entreprises", pour une économie totale de plus d'1,5 milliard d'euros en 2026.

Cette reconduction passera par une moindre "exonération de cotisations sociales" ainsi qu'un "effort demandé aux sociétés de l'audiovisuel public."

Aides MaPrimeRénov'

Le dispositif de subvention pour les rénovations énergétiques du bâtiment seront recentrés, pour les rénovations d'ampleur, sur les logements prioritaires, souhaite le gouvernement.

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