"Je ne suis pas certain que l'on fasse le plein de présences le 8 septembre", confie une source parlementaire qui doute que la cinquantaine de députés LR se rendent à l'Assemblée nationale pour soutenir un Premier ministre voué à partir.
Un tiers des députés LR ne seraient pas disposés à apporter leur soutien et une bonne partie de la trentaine restante le feront "en mode on est obligés", ajoute cette source.
Des proportions semblables à celles observées lors de la réforme des retraites à l'hiver 2023, lorsque les divisions au sein de la droite avaient tourné au psychodrame interne, alimentant les tensions entre le groupe LR de l'Assemblée et celui du Sénat présidé alors par Bruno Retailleau.
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Ne pas "rejoindre les incendiaires"
Depuis une semaine, le patron de LR ne cesse d'exhorter ses troupes à serrer les rangs, non pas pour sauver la peau du Premier ministre, mais pour les inciter à ne pas "rejoindre les incendiaires", catégorie dans laquelle il place essentiellement les Insoumis.
Mais ses appels ont du mal à convaincre, comme l'atteste le député LR de Saône-et-Loire Sébastien Martin: "Pour le moment, c'est plutôt abstention", confie-t-il à l'AFP.
À l'instar de ce parlementaire élu face au RN lors d'une partielle au printemps, de nombreux députés des Républicains estiment avoir sauvé leur siège après la dissolution grâce à leur ancrage territorial et non grâce au parti.
Des situations locales qui expliquent leur difficulté à voter la confiance à François Bayrou, dont la popularité est au plus bas et dont la proposition de supprimer deux jours fériés pour réduire le déficit public a irrité nombre d'électeurs.
Le président du Sénat Gérard Larcher apporte quant à lui son soutien à Bruno Retailleau: "Si j'étais député LR, je voterais oui à la déclaration de politique générale", affirme-t-il dans Le Parisien.
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Consultation ou pas ?
"Les députés, comme vous le savez, sont toujours jaloux de leur indépendance", commente non sans résignation un dirigeant du parti, qui assure faire "campagne auprès des adhérents" pour les persuader que "le désordre engendre le chaos".
Des militants que le patron des députés LR Laurent Wauquiez souhaite consulter par internet à l'occasion du congrès que son parti organise ce week-end, juste avant le vote de confiance, tout en rappelant que Bruno Retailleau s'était engagé à les interroger sur des questions importantes lors de la récente campagne à la présidence de la droite.
Lors de sa rentrée traditionnelle samedi au Mont-Mézenc (Haute-Loire), Laurent Wauquiez s'est certes engagé "à ne jamais associer sa voix" à celle de LFI, mais il n'a pas appelé explicitement ses députés à voter la confiance, préférant demander à François Bayrou de revoir la copie de son budget pour "entendre la France qui travaille".
"Un membre du gouvernement ne peut pas dire non à la confiance", constate l'entourage de Laurent Wauquiez qui avait cherché à se distinguer de son rival à la présidence du parti en assurant qu'il aurait "une parole plus libre" en n'étant pas membre de l'exécutif. Un argument qui n'avait pas convaincu les adhérents qui ont voté à 75% pour Bruno Retailleau.
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Des ténors pour une démission de Macron
Si les divergences entre les deux adversaires de l'élection interne ne constituent pas vraiment une surprise, celles entre le ministre de l'Intérieur et nombre de ténors qui lui avaient apporté leur soutien le sont nettement plus.
L'ancien patron de LR Jean-François Copé, la présidente d'Ile-de-France Valérie Pécresse et le président de l'Association des maires de France (AMF) David Lisnard ont tous plaidé pour une démission du président de la République afin de sortir le "pays de l'impasse", en contradiction avec la ligne du parti.
Quant au président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, autre soutien de l'actuel président de LR, il a appelé à ne pas voter la confiance à François Bayrou "si son plan reste en l'état". L'ex-président Nicolas Sarkozy a, pour sa part, appelé à la "dissolution".
Des prises de position qui illustrent les difficultés pour Bruno Retailleau à imposer sa ligne. À moins qu'il ne parvienne d'ici lundi à désamorcer la crise, comme il a évité cet été un duel fratricide entre Rachida Dati et Michel Barnier lors d'une prochaine législative partielle fin septembre à Paris.