Le dirigeant polonais a estimé qu'il s'agissait "d'un événement historique". "Je suis profondément convaincu (...) que la France et la Pologne pourront compter l'une sur l'autre dans toutes les circonstances, les bonnes et les difficiles", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse alors que le texte comprend une clause d'assistance mutuelle en cas d'attaque armée.Ce traité marque "une nouvelle page", a souligné de son côté Emmanuel Macron, évoquant "une solidarité irréversible".
Il a en outre martelé que les "intérêts vitaux" de la France, à la base de sa stratégie de dissuasion nucléaire, intégraient aussi ceux de ses "principaux partenaires" en Europe.
"Depuis les années 1960, avec les propos du général de Gaulle, la dimension européenne de cette dissuasion a été affirmée et elle a été constamment réaffirmée par tous mes prédécesseurs", a rappelé le président français.
La France est le seul pays d'Europe occidentale, avec le Royaume-Uni, doté de l'arme nucléaire.
Les autres pays européens membres de l'Otan sont jusqu'ici sous le parapluie nucléaire américain.
La signature de ce traité intervient alors que la Pologne est devenu un acteur-clé sur le flanc est de l'Otan et se sent menacée par Moscou.
Les retrouvailles à Nancy se sont déroulés au moment où, à Moscou, Vladimir Poutine a défié les Occidentaux avec un imposant défilé militaire pour les 80 ans de la victoire sur l'Allemagne nazie.
"Le président Poutine est du côté de la guerre, pas du côté de la paix (...) et ceux qui ont pu croire qu'il avait une velléité de paix en sont pour leur compte", a lancé Emmanuel Macron alors que la guerre en Ukraine ne faiblit pas malgré la promesse de Donald Trump d'y mettre fin.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi un sommet de dirigeants européens soutenant Kiev face à l'invasion russe prévu, selon lui, samedi en Ukraine.
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Clause de défense mutuelle
Avant de s'envoler pour la France, Donald Tusk avait annoncé que le traité inclurait une clause de défense mutuelle, qui "ouvre la possibilité d'une coopération" en matière de dissuasion nucléaire.
"La dissuasion nucléaire française a une composante européenne, et dans ce traité, c'est une solidarité encore plus forte que nous scellons, qui permet de rendre opérationnel ce qu'il y a déjà dans l'article 5 de l'OTAN", avait déclaré Emmanuel Macron sur la place Stanislas de Nancy.
"Cette clause de soutien mutuel en cas d'agression contre l'un de nos pays est l'essence même de ce traité", s'était félicité le dirigeant polonais. "En cas de menace, d'attaque contre la Pologne, et la France, les deux pays s'engagent à fournir une assistance mutuelle, y compris militaire", avait-il précisé.
Interrogé sur une aide concrète en cas d'agression de la Pologne par la Russie, Emmanuel Macron a assuré qu'un "déploiement serait possible face à une agression et si le pire devait advenir". "J'en veux pour preuve que lorsque la Russie a décidé de cette guerre d'agression contre l'Ukraine en février 2022, nous avons pu en cinq jours déployer des troupes en Roumanie", a-t-il rappelé.
Paris et Varsovie avaient déjà conclu un traité en 1991, alors que la Pologne sortait du glacis soviétique, après la chute du Rideau de fer, mais moins ambitieux.
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Garanties mutuelles
Outre la défense, la coopération franco-polonaise sera renforcée dans les secteurs clés des infrastructures et l'énergie nucléaire, alors que Varsovie prévoit la construction de plusieurs centrales.
Donald Tusk a mis en avant "les garanties de sécurité mutuelles", son pays de quelque 38 millions d'habitants s'étant lancé dans un programme de modernisation accélérée de son armée et est devenue un acteur politique et militaire majeur en Europe.
Jusqu'ici très dépendante des États-Unis pour sa défense, elle est profondément ébranlée par le climat d'incertitude généré par les ambivalences de Donald Trump envers l'Europe.
"Nous allons organiser des exercices communs entre nos armées dans les mois qui viennent", a annoncé Emmanuel Macron.
Paris espère renforcer la coordination militaire et diplomatique dans la région, et ne plus laisser les États-Unis dominer le dialogue avec les Polonais.
Le chef de l'État français a appelé de ses vœux une "voie médiane", "celle de l'autonomie stratégique qui fait que sur tout ce qui est essentiel, nous voulons que ce soit européen" tout en coopérant avec les "alliés américains".
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