Pour Édouard Philippe, le départ anticipé de Macron est "la seule décision digne"

Cédit : Eric Fougere/Corbis via Getty Images
Le départ anticipé d'Emmanuel Macron est "la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois" de "crise" politique, a réaffirmé jeudi Édouard Philippe, partisan d'une démission du chef de l’État après l'adoption du budget.
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"Je n'ai pas pris cette position parce que je pensais que je serais populaire ou parce que j'espérais convaincre le président. Le président, il a envie d'aller au terme de son mandat, et je peux le comprendre. Je l'ai dit parce que c'est la seule décision digne qui permet d'éviter 18 mois d'indétermination et de crise, qui se terminera mal, je le crains", a déclaré l'ancien Premier ministre Édouard Philippe sur France 2.

Le premier chef de gouvernement choisi en 2017 par Emmanuel Macron, fondateur du parti Horizons et candidat déclaré à l’Élysée, a marqué les esprits, particulièrement dans le camp présidentiel, en suggérant la semaine dernière au chef de l'Etat, après la démission éclair du premier gouvernement de Sébastien Lecornu, un départ anticipé et "ordonné" de l’Élysée.

"Ça n'est pas simplement une crise politique à l'Assemblée nationale à laquelle nous assistons. C'est une crise très profonde sur l'autorité de l’Etat, sur la légitimité des institutions", a développé Édouard Philippe.

"Qui a créé cette situation ?"

"J'entends le président de la République dire qu'il est le garant de la stabilité. Mais, objectivement, qui a créé cette situation de très grande instabilité et pourquoi ? Il se trouve que c'est lui", a-t-il ajouté, déplorant "une assemblée ingouvernable", "des politiques publiques qui n'avancent plus, des réformes nécessaires qui ne sont pas faites".

"Je ne suis pas du tout pour qu'il démissionne demain matin, ce serait désastreux". Mais Emmanuel Macron "devrait peut-être, en prenant exemple sur des prédécesseurs et notamment le général De Gaulle, essayer d'organiser un départ qui nous évite pendant 18 mois de continuer à vivre dans cette situation de blocage, d'instabilité, d'indétermination", a-t-il insisté.

"La fragilité des institutions, c'est le maintien de la situation actuelle", a rétorqué Edouard Philippe à ceux l'accusant d'affaiblir les institutions.

Une "concession qui va trop loin"

Il assure ne pas avoir de "querelle" avec Emmanuel Macron. "Il est venu me chercher, je ne me suis pas roulé par terre pour qu'il me nomme" à Matignon et après en avoir été "congédié" en 2020, "je ne me suis pas roulé par terre pour rester".

"J'ai créé mon parti -il n'y était pas favorable-, j'ai voulu avoir des élus en 2022 -il n'y était pas favorable-, j'ai fait sa campagne en 2022 et j'ai toujours dit ce que je pensais, de façon très loyale", a-t-il ajouté.

La suspension de la réforme des retraites est une "concession qui va trop loin" et les parlementaires de son parti Horizons vont "voter contre", a par ailleurs déclaré Édouard Philippe, qui a qualifié de "pari risqué" l'abandon de l'emploi du 49.3 par Sébastien Lecornu.

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