Suspension de la réforme des retraites: qui a voté quoi ?

Crédit : Edward Berthelot/Getty Images
Une partie de la gauche hostile, des macronistes contraints de s'abstenir... le scrutin sur la suspension de la réforme des retraites, totem du second quinquennat d'Emmanuel Macron, a donné lieu mercredi à des votes à front renversé.
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Ceux qui ont voté pour

Le PS, qui avait négocié avec le Premier ministre Sébastien Lecornu une non-censure en échange d'un certain nombre de concessions, dont la suspension de la réforme des retraites, a naturellement voté pour, répondant en cela à l'appel de la CFDT, premier syndicat français.

"Des millions de nos concitoyens vont bénéficier (...) de cette suspension", a plaidé Jérôme Guedj, chef de file des socialistes. 67 membres du groupe sur 69, la totalité des présents, ont voté pour.

Vote pour également des écologistes: "Nous grattons ce que nous pouvons gratter maintenant pour les gens (...) sans attendre l'avènement d'un grand soir", a justifié l'ex-LFI François Ruffin, qui siège désormais au sein du Groupe écologiste et social.

Quatre de ses membres se sont abstenus, dont Sandrine Rousseau, s'inquiétant du financement d'une réforme qui passerait par "le doublement des franchises médicales", et fustigeant un simple "décalage" de la réforme, celle-ci devant reprendre son cours le 1er janvier 2028.

Opposant à la réforme portée par Élisabeth Borne en 2023, le RN a également voté pour la suspension. Vantant la "constance" des positions de son groupe, Marine Le Pen a raillé les "ententes et arrangements" conduisant selon elle d'autres groupes à se "reni(er)".

Dix-sept députés du groupe centriste Liot ont également approuvé la suspension (3 abstentions), après avoir longtemps guerroyé contre la réforme au côté de Charles de Courson.

Ceux qui se sont abstenus

"Ce n'est pas de gaieté de coeur, mais avec lucidité" que le groupe Ensemble pour la République s'est majoritairement abstenu, a expliqué son président Gabriel Attal. "Nous ne voulons pas nous mettre en travers du compromis" ni empêcher l'adoption d'un d'un budget "d'ici à la fin de l'année", a-t-il dit, estimant par ailleurs que le débat sur la réforme Borne "appartient déjà au passé" et qu'il convient de refonder "le système".

67 députés du groupe se sont abstenus, 3 votant pour et 5 votant contre, dont les anciens ministres Marc Ferracci, Astrid Panosyan-Bouvet et Eric Woerth.

Le groupe MoDem s'est aussi majoritairement abstenu (18 abstentions, 1 contre, 11 pour), "pour ne pas s'opposer au compromis cherché et souhaité par le gouvernement", a expliqué son président Marc Fesneau.

Ceux qui ont voté contre

La France insoumise, qui avait déjà voté contre la suspension en commission, a confirmé son vote en séance. "Voter pour le décalage de la réforme des retraites, c'est voter pour la retraite à 64 ans. Les Insoumis ne valideront jamais par leur vote les deux années de vie volées au peuple français", a tonné la présidente du groupe Mathilde Panot, pointant aussi un décalage financé "sur le dos des retraités et des malades".

"Je suis abasourdi devant les circonvolutions de certains à gauche qui cherchent toutes les bonnes raisons pour ne pas voter", a rétorqué M. Guedj, sous les huées des Insoumis.

Hésitants sur leur vote en commission, les communistes ont finalement voté très majoritairement contre la suspension (1 pour, 11 contre), le président du groupe Stéphane Peu dénonçant une "entourloupe".

De l'autre côté de l'hémicycle, vote contre également du groupe Horizons (29 contre, 1 abstention), Frédéric Valletoux fustigeant un "renoncement au nom de la stabilité".

Le groupe DR de Laurent Wauquiez s'est montré moins homogène (25 contre, 8 pour, 9 abstentions). Le député de Haute-Loire a dit refuser une suspension qui passera selon lui soit par une baisse du niveau de vie des retraités, soit par une hausse des cotisations et impôts.

Le groupe UDR d'Eric Ciotti a également voté contre (14 voix des 14 présents), se démarquant de manière inhabituelle du Rassemblement national auquel il est désormais allié.

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