Ils sont en colère. A l'occasion de la visite du président Macron, les agriculteurs ont commencé ce mercredi matin à converger avec des tracteurs vers Toulouse.
Le président de la République se rend dans la Ville rose pour une visite chargée, entre un débat avec les citoyens sur "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux" et un après-midi consacré à la stratégie spatiale nationale.
Cette visite devrait être perturbée par les agriculteurs qui assurent, par ailleurs, que le chef de l'Etat les recevra à la mi-journée. Une délégation de 14 représentants syndicaux et de la chambre de l'agriculture de Haute-Garonne sera reçue à 13h30 par Emmanuel Macron à l'Ecole nationale de l'Aviation civile (ENAC), a déclaré à l'AFP Jérôme Bayle, figure du mouvement de protestation des agriculteurs en 2024.
L’Élysée n'a pas confirmé dans l’immédiat, se bornant à dire à l’AFP que des discussions étaient en cours avec les représentants agricoles. Mais la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, a annulé tous ses rendez-vous du jour pour rejoindre le président Macron à Toulouse, selon le ministère.
Mercosur
Les agriculteurs de toute la région sont appelés à se mobiliser pour "exiger des engagements clairs et fermes du président de la République en faveur de l'agriculture française", selon la FNSEA à l'initiative du mouvement. Le syndicat agricole est ulcéré par les propos du chef de l’État, qui s'est dit "plutôt positif" mais "vigilant" sur la possibilité d'accepter l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur - un projet de traité de libre-échange entre l'Union européenne et quatre pays sud-américains, le Brésil, l'Argentine, le Paraguay, l'Uruguay et la Bolivie.
Le traité commercial prévoit d'éliminer plus de 90 % des droits de douane imposés par le Mercosur et l'UE aux produits venant de part et d'autre de l'Atlantique.
Les agriculteurs français dénoncent ce qu’ils considèrent être une concurrence déloyale face aux producteurs du Mercosur, qui bénéficient de coûts de production plus bas et de moins de règlementations.
"Lignes rouges" de la France
Dimanche, la ministre de l'Agriculture, Annie Genevard, a tenté d'apaiser la colère du monde agricole, en assurant que la France "ne signera pas un accord" qui "condamnerait" ses agriculteurs.
Elle a évoqué des "lignes rouges" de la France, soit une "clause de sauvegarde" agricole, des mesures miroir imposant aux produits importés des normes équivalentes à ceux produits en Europe, ainsi qu'un renforcement des contrôles sanitaires.
Les opposants au traité dénoncent également les potentielles conséquences environnementales et sanitaires d'un tel projet.
Mercredi dernier, à l'issue d'une rencontre entre le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, la présidence brésilienne a indiqué qu'ils étaient "disposés à signer" l'accord lors du sommet du Mercosur, le 20 décembre à Rio de Janeiro.
La Commission européenne et plusieurs Etats membres de l’UE poussent également pour signer un accord d’ici à la fin décembre. La France, elle, est sur la réserve, mais la possibilité de bloquer le texte semble extrêmement limitée.








