Incendies dans le sud : le point sur la situation

Crédit : Compte X @Pompiers_13
Les violents incendies qui frappent le sud de la France depuis la canicule de la semaine dernière ont atteint un paroxysme mardi, les flammes, poussées par le mistral, atteignant Marseille, alors que des milliers d'hectares sont partis en fumée dans l'Aude, plus à l'ouest.
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Parti en fin de matinée des Pennes-Mirabeau, localité au nord de Marseille, le feu, déclenché par un incendie d'automobile sur l'autoroute A55, s'est rapidement propagé, poussé par un vent du nord causant des "sautes de feu jusqu'à 300 mètres", selon les pompiers.

En quelques heures, il avait parcouru quelque 700 hectares en direction de la deuxième ville de France, à travers ces zones de garrigue mitées de zones d'habitations, industrielles et commerciales.

L'aéroport d'Aix Marseille Provence, le quatrième de France en nombre de passagers, avait dû fermer dès la mi-journée, alors que l'immense panache de fumée s'élevait au dessus des massifs au nord de la ville et retombait sur Marseille, causant une concentration en particules fines 10 fois supérieure aux normes, selon Atmo-Sud.

Neuf pompiers ont été légèrement intoxiqués, un blessé à l'épaule, et une "dizaine d'habitations atteintes", selon le préfet de région Georges-François Leclerc, qui a qualifié vers 17h30 la situation de "pas figée, mais maîtrisée".

Les conditions météo venteuses devaient durer "une bonne partie de la nuit (...), mais on n'a plus de progression linéaire", a expliqué lors d'un point presse le vice-amiral Lionel Mathieu, chef des marins-pompiers de Marseille. Plus de 700 pompiers étaient encore engagés mardi en fin de journée, dont de nombreux renforts venus de départements voisins, ainsi que des moyens aériens "importants", une dizaine d'aéronefs au total.

Quelques évacuations préventives --"plusieurs dizaines" selon le maire de Marseille Benoît Payan-- ont eu lieu et le système FR.alert a envoyé des textos recommandant le confinement à tous les téléphones bornant dans les zones concernées.

"C'est un peu le cirque"

Arrivé à 16h00 aux portes des quartiers Nord de Marseille, l'incendie a poussé la préfecture et les autorités à appeler au confinement les quelque 15.000 habitants du 16e arrondissement, mélange d'habitat traditionnel villageois et de grandes cités, comme celle de la Castellane.

La police a bouclé le secteur juste en dessous du centre commercial Grand Littoral. "Ils nous laissent pas rentrer", témoignait une habitante bloquée avec son panier de courses. Sur le bord d'un rond point, une quinzaine d'enfants se recouvraient avec des serviettes de plage face aux bourrasques charriant fumée et cendres. 

De nombreux véhicules de police et de pompiers passent, sirènes hurlantes. "Il y a environ 20 minutes on a demandé d'évacuer l'école Saint Raphaël. On avait 70 enfants à rapatrier c'est un peu le cirque. Là il nous en reste une quinzaine mais les parents sont bloqués", explique Nadine Ruopoli, présidente de l'association "Une autre image" qui gère un centre de loisirs.

"Franchement j'ai peur parce que c'est choquant, j'hésite à partir mais je sais pas où aller, j'ai vite couru pour venir le chercher. On n'arrive pas à respirer, à voir, ça nous pique les yeux", témoigne Ida, venue récupérer son fils.

Dans le quartier de l'Estaque, "on a vu arriver les fumées ce matin", explique Maurice Tagliaferri, retraité de 77 ans. "Après j'ai vu la fumée rentrer, j'ai commencé à arroser, arroser, mais c'est comme si on ne faisait rien, l'eau s'évaporait au fur et à mesure, et après, le feu est venu direct chez nous, et maintenant on est là, on sait pas la maison où elle est".

Groupes électrogènes

En fin d'après-midi la circulation des trains passant près de l'incendie a été interrompue au départ et à l'arrivée de Marseille, pour une durée indéterminée.

L'hôpital Nord, un des plus gros établissements publics de la ville, "est passé sur groupes électrogènes, par mesure de sécurité en raison de micro-coupures électriques", a indiqué l'Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille, tout en assurant ne pas avoir d'inquiétude car "nous avons une large autonomie".

A l'autre bout du littoral méditerranéen, plus d'un millier de pompiers venus de toute la France continuaient eux à lutter contre un incendie qui a parcouru 2.000 hectares de forêt depuis lundi, à proximité directe de Narbonne, dans l'Aude, un département touché par trois feux de forêt en une semaine. Ils espéraient "fixer" ce dernier sinistre d'ici à la fin de la journée.

Pour éviter les stationnements anarchiques de nombreux camions et fluidifier le trafic routier, en cette période de congés estival, l'autoroute A9, fermée depuis lundi après-midi, causant des dizaines de kilomètres d'embouteillages, a été rouverte à la circulation en fin de matinée.

La commune de Bages, près de Narbonne, s'est ainsi trouvée sur le passage des flammes. Martine Bou, retraitée, les larmes aux yeux, a raconté à l'AFP avoir vu les flammes s'approcher jusqu'à une vingtaine de mètres de sa maison. "On était tous dehors à surveiller. Et puis, ça s'est avancé, ça s'est avancé...", racontait-t-elle mardi matin.

Ici aussi le feu, parti lundi dans des circonstances inconnues d'un domaine viticole des Corbières, s'est vite propagé sur une végétation desséchée et sous l'effet d'un vent soufflant jusqu'à 90 km/h.

Une enquête a été ouverte par le parquet de Narbonne pour déterminer les causes de l'incendie.

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