Au cinquième jour d'un procès dont les seules déclarations de l'accusée peinent à donner des clés d'explication à la mort sordide de la fillette, les experts de la psyché tentent d'éclaircir motivations et passage à l'acte.
À la barre, la médecin a exclu "toute pathologie psychiatrique" de Dahbia Benkired, "pas d'éléments psychopathologiques déresponsbilisants", "pas d'élément en lien avec la psychose, pas de trouble de l'humeur, pas de trouble anxieux".
"Au contraire", la sujette, d'une intelligence jugée "normale", se montre "dans la domination et la maîtrise de l'instant, comme on en rencontre peu chez une femme", note la psychiatre, "comme si dans son discours elle parsemait des indices et que c'était à nous de reconstituer le puzzle, mais c'était elle qui restait aux commandes".
"Quand on sortait des entretiens, on avait à la fois la satisfaction de l'échange et un sentiment de malaise: on n'en retenait rien", déplore la psychiatre. "Chez elle, l'autre n'a pas une altérité propre, mais est perçu comme un objet: on prend, on casse, on jette", décrit encore l'experte qui, "en quinze ans de carrière", n'a jamais éprouvé ce "sentiment de malaise, qui prend à la gorge" et relève de la "perversité structurelle".
Une "motivation avant tout sexuelle" ?
Mais si le crime semble "fou", son auteur ne l'est pas nécessairement, insiste la spécialiste. "Quand un acte dépasse l'entendement, on aurait tendance à s'en référer à la folie d'une personne qui n'a plus sa raison et est gouvernée par un trouble mental."
"Or", poursuit-elle, "il existe des personnes qui n'ont pas de troubles mentaux" mais qui passent à l'acte "sans que ça relève du champ de la psychose, de la paranoïa, de la schizophrénie... Ça arrive."
Pourquoi, dès lors, et comment Dahbia Benkired a-t-elle pu attirer, séquestrer, violer, torturer et tuer la collégienne dans l'appartement de sa sœur du XIXe arrondissement de Paris?
"Je pense que la motivation est avant tout sexuelle; avec quelque chose qui aurait pu faire écho à un traumatisme très infantile dont elle n'aurait pas pleinement conscience, pour ensuite engendrer le décès de cette enfant", répond la psychiatre.
Alors que Dahbia Benkired encourt la réclusion criminelle à perpétuité au terme d'un verdict attendu vendredi, la médecin se montre sceptique sur l'avenir: "il est toujours important de tenter d'éveiller un intérêt pour les soins mais, au regard de sa structuration, le risque est qu'elle soit dans la perversion du lien avec un thérapeute".