Deux seringues, "les armes du crime" dans le bloc du Dr Péchier

Crédit : Aobe Stock
"On a les armes du crime", deux seringues et une poche de paracétamol polluée : le directeur d'enquête a disséqué mercredi les preuves d'empoisonnement de la dernière victime présumée du docteur Frédéric Péchier, au troisième jour de son procès à Besançon.
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La cour d'assises du Doubs, qui juge l'ancien anesthésiste bisontin pour 30 empoisonnements de patients entre 2008 et 2017, s'est penchée sur le cas des deux dernières victimes présumées, Sandra Simard et Jean-Claude Gandon.

"Le patient Gandon, est le dernier d'une longue série", a conclu devant les jurés l'enquêteur Olivier Verguet, au terme d'une audition de plus de 10 heures entamée la veille.

Le 20 janvier 2017, cet homme de 70 ans faisait un arrêt cardiaque inattendu en pleine opération à la clinique Saint-Vincent, où il était opéré de la prostate.

Le docteur Péchier, chargé de l'anesthésie, le réanime. Le praticien avait lui-même signalé la présence de poches de paracétamol étrangement percées dans son bloc opératoire avant le début de l'intervention.

C'est la première et seule fois qu'un patient du docteur Péchier a été victime d'un arrêt cardiaque suspect. La preuve qu'il a été victime d'un acte malveillant selon lui.

Un "alibi" monté de toutes pièces, selon l'avocate générale Christine de Curraize.

Les policiers, présents dans la clinique dans le cadre d'une enquête ouverte quelques jours plus tôt après l'arrêt cardiaque suspect de Sandra Simard, placent immédiatement les dispositifs médicaux utilisés sous scellés.

"Justice fiction"

Les analyses révèlent que Jean-Claude Gandon a été victime d'une intoxication à la mépivacaïne, un anesthésique local. Le produit aurait été injecté dans la poche de perfusion de paracétamol utilisée pour son opération.

"Deux seringues qui contiennent de la mépivacaïne" ont été retrouvées dans la salle d'opération, relève Olivier Verguet. Or, "personne n'est entré dans ce bloc, seul le docteur Péchier ou l'élève infirmière qui l'assistait ont pu intervenir ce jour-là", assure-t-il.

Une affirmation contestée par l'avocat de Frédéric Péchier, Me Randall Schwerdorffer, qui a fustigé la conduite générale de l'enquête.

"Faire un scénario, de la justice fiction, on peut tous le faire. Moi je vous parle de preuves", a tancé Me Schwerdorffer.

Neuf jours avant l'opération de M. Gandon, Sandra Simard, une mère de famille de 36 ans, avait déjà été victime d'un arrêt cardiaque inexpliqué. La découverte d'une dose potentiellement létale de potassium dans sa poche de perfusion avait marqué le début de l'enquête.

Frédéric Péchier, lui, a toujours réfuté avoir empoisonné des patients. Calme et très attentif aux débats, aux côtés de ses avocats, il s'est montré déterminé à prouver son innocence.

L'ancien médecin de 53 ans comparaît libre mais risque la réclusion criminelle à perpétuité.

"Je pense que c'est lui, il n'y a pas d'autre solution", mais "il n'avouera jamais", a pour sa part confié Jean-Claude Gandon à l'AFP, en marge de l'audience.

Le verdict est attendu le 19 décembre.

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