Nouvel épisode d'un scandale qui fait trembler les Etats-Unis.
Mercredi, les démocrates de la Chambre des représentants ont publié des emails attribués à Jeffrey Epstein, dans lesquels il écrit que le président Trump a "passé des heures" chez lui avec l'une de ses victimes. D'autres messages suggèrent que le délinquant sexuel pensait que Donald Trump était au courant de ses abus.
L'affaire Epstein empoisonne depuis de longs mois la présidence de Donald Trump, en particulier auprès de sa base qui s'abreuve de théories complotistes, selon lesquelles Jeffrey Epstein aurait été assassiné pour l'empêcher d'impliquer des personnalités de premier plan.
Le président américain a catégoriquement nié toute implication ou connaissance des activités de trafic sexuel de Jeffrey Epstein. Il a reconnu qu'il était autrefois ami avec le financier déchu qui s'est suicidé dans une prison fédérale en 2019, mais a maintenu qu'ils s'étaient brouillés.
Relation entre les deux hommes
Les démocrates de la commission de surveillance de la Chambre des représentants estiment toutefois que ces emails, qu'ils ont sélectionnés parmi des milliers de pages de documents reçus, soulèvent de nouvelles questions sur la relation entre les deux hommes.
Dans l'un des messages, Jeffrey Epstein affirme que Donald Trump "était au courant pour les filles", dont beaucoup se sont avérées mineures selon les enquêteurs. Dans un autre, il se demande comment répondre aux questions des médias sur leur relation alors que Donald Trump devient une figure politique nationale.
Ces messages ne manqueront pas d'enflammer le débat au Capitole sur la manière dont l'administration Trump a traité le dossier Epstein et sur la décision des hauts responsables de revenir sur leur promesse de les divulguer intégralement. Cette question était passée au second plan alors que la paralysie budgétaire du gouvernement se prolongeait.
La Chambre devant adopter une loi pour mettre fin au shutdown, l'attention pourrait se reporter sur l'affaire.
"Ces derniers courriels et correspondances soulèvent des questions flagrantes sur ce que la Maison Blanche cache d'autre et sur la nature des relations entre Epstein et le président", a déclaré dans un communiqué le représentant de la Californie, Robert Garcia.
"Ce chien qui n'a pas aboyé"
Le 6 juillet 2019, le milliardaire Jeffrey Epstein est arrêté aux Etats-Unis. Ce financier de 66 ans est inculpé deux jours plus tard d'exploitation sexuelle de mineures et d'association de malfaiteurs, passibles au total de 45 années d'emprisonnement.
Il est accusé d'avoir, entre 2002 et 2005 au moins, fait venir des mineures dans ses résidences de Manhattan et de Palm Beach (Floride) "pour se livrer à des actes sexuels avec lui, après quoi il leur donnait des centaines de dollars en liquide".
Déjà accusé plus de dix ans auparavant en Floride de recourir aux services de prostituées mineures, il avait été condamné en 2008 à une peine aménagée de prison de 13 mois, selon un accord secret passé avec un procureur lui permettant d'échapper à des poursuites fédérales.
Les mails révélés par les démocrates datent tous d'après 2008. L'un d'eux était adressé à Ghislaine Maxwell, confidente de longue date de Jeffrey Epstein, les deux autres à l'auteur Michael Wolff, qui a publié un livre consacré à la première année de présidence de Donald Trump.
Dans un courriel datant d'avril 2011, Jeffrey Epstein a déclaré à Ghislaine Maxwell, qui a ensuite été condamnée pour crimes sexuels, dont traite sexuelle de mineures : "je veux que vous compreniez que ce chien qui n'a pas aboyé, c'est Trump". Il a ajouté qu'une victime anonyme "a passé des heures chez moi avec lui, il n'a jamais été mentionné une seule fois".
"J'y ai réfléchi", a répondu Mme Maxwell.
Enquête
Dans un autre email datant de janvier 2019, Jeffrey Epstein écrivait à Michael Wolff à propos de Donald Trump : "bien sûr qu'il était au courant pour les filles, puisqu'il a demandé à Ghislaine d'arrêter."
Les démocrates de la Chambre des représentants, citant un lanceur d'alerte anonyme, ont déclaré cette semaine que Ghislaine Maxwell s'apprêtait à demander officiellement à Donald Trump de commuer sa peine de prison fédérale.
Les emails ont été fournis à la commission de surveillance avec d'autres documents provenant de la succession de Jeffrey Epstein, que la commission avait demandés dans le cadre de son enquête. Le personnel de la commission a supprimé les noms des victimes et toute information permettant de les identifier.
"Canular" des démocrates
Le chef d'Etat américain a qualifié les questions persistantes sur sa gestion de l'affaire de "canular" orchestré par les démocrates. Il a traité Jeffrey Epstein de "sale type" et a insisté sur le fait qu'il n'avait jamais commis d'actes répréhensibles avec lui ou Ghislaine Maxwell.
Donald Trump et Jeffrey Epstein partageaient leur temps entre New York et Palm Beach, en Floride, et étaient amis dans les années 1990 et au début des années 2000. Leur relation semble s'être essoufflée vers 2004.
L'été dernier, le magnat américain a déclaré que Jeffrey Epstein avait "embauché" des employées du spa de Mar-a-Lago, son club privé et sa résidence à Palm Beach.
Au début de l'année, l'administration Trump a publié la transcription d'un entretien mené au tribunal avec Ghislaine Maxwell, qui a reconnu que les deux hommes avaient autrefois entretenu des relations sociales, mais a nié tout lien entre Donald Trump et le réseau de trafic sexuel.
"Le pendre" ou "le sauver"
Michael Wolff a également participé à un troisième échange d'emails, qui a débuté le 15 décembre 2015, le soir d'un débat dans le cadre des primaires présidentielles républicaines. L'auteur a envoyé un courriel à Jeffrey Epstein pour l'avertir que CNN "prévoyait d'interroger Trump ce soir-là sur sa relation avec vous, soit à l'antenne, soit lors d'une conférence de presse après le débat".
Ce dernier aurait répondu : "si nous pouvions lui préparer une réponse, quelle devrait-elle être selon vous ?". Michael Wolff aurait conseillé de ne rien faire.
"S'il dit qu'il n'a jamais pris l'avion ou ne s'est jamais rendu dans la maison, cela vous donnera un avantage précieux en termes de relations publiques et de capital politique" qui pourrait être utilisé pour "le pendre" plus tard ou "le sauver, créant ainsi une dette".
La publication des emails par les démocrates intervient quelques heures avant l'investiture d'Adelita Grijalva, démocrate de l'Arizona.
Elle devrait apporter la dernière signature nécessaire d’une pétition qui forcerait un vote sur un texte visant à contraindre l’administration Trump de publier les dossiers en sa possession sur Jeffrey Epstein. La Maison Blanche y est fermement opposée.


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