Julia Wandelt, une Polonaise de 24 ans, était poursuivie pour avoir, entre juin 2022 et février 2025, bombardé de lettres et de coups de téléphone Kate et Gerry McCann, en prétendant être leur fille Maddie -dont la disparition n'a jamais été élucidée-, les appelant à faire des tests ADN pour prouver ses affirmations.
Les témoignages au cours du procès au tribunal de Leicester (centre) ont permis d'esquisser le portrait d'une femme mentalement troublée, victime d'agression sexuelle.
Après sept heures de délibérations, les jurés l'ont déclarée à l'unanimité coupable de harcèlement, ce qui la rend passible d'une peine allant jusqu'à six mois de prison, a précisé la juge. Interpellée en février, elle a déjà passé plus de temps en détention, a ajouté la magistrate.
Les jurés ont toutefois relaxé Julie Wandelt de l'accusation de "stalking", qui correspond en droit britannique au fait de suivre quelqu'un ou de se rendre chez lui de manière non sollicitée dans une démarche obsessionnelle.
Messages "inquiétants"
Co-accusée dans cette affaire, Karen Spragg, une sexagénaire originaire de Cardiff, a quant à elle été innocentée par le jury.
Elle avait été accusée d'avoir aidé Julia Wandelt en contactant les époux McCann au téléphone et par courrier électronique, allant jusqu'à les prendre à partie devant leur domicile. Ainsi que d'avoir propagé des théories du complot, en affirmant notamment à la police que les parents McCann "avaient organisé l'enlèvement" de leur enfant.
Les deux femmes se sont tenu la main dans le box et Julia Wandelt a caché son visage dans ses mains à l'annonce du verdict.
Pendant le procès, la mère de Maddie, disparue à l'âge de trois ans tandis qu'elle dormait dans un appartement d'une station balnéaire de l'Algarve où la famille était en vacances, a raconté sa détresse après que Julia Wandelt eut tambouriné à la porte du domicile familial et soit apparue à une veillée pour Madeleine.
La sœur cadette de Madeleine, Amelie, a pour sa part témoigné avoir reçu des messages "inquiétants" sur les réseaux sociaux.
Au procès, les procureurs ont apporté des preuves scientifiques "sans équivoque" montrant que l'ADN de Julia Wandelt ne correspondait pas à celui de Madeleine et qu'elle n'avait aucun lien de parenté avec les McCann.
Dans sa plaidoirie finale, le procureur Michael Duck a accusé les deux femmes de "tourmenter les McCann" tout en sachant que leurs actions étaient néfastes.
Il a estimé que Julia Wandelt était "capable d'être extrêmement manipulatrice".
"Passé malheureux"
Appelée à la barre le 27 octobre, la jeune femme a assuré qu'elle n'avait voulu ni attirer l'attention, ni obtenir un quelconque gain financier mais simplement "savoir vraiment qui je suis".
Elle a dit s'être dans le passé auto-mutilée et avoir tenté de se suicider après avoir été sexuellement agressée par le compagnon de sa grand-mère.
Elle a aussi affirmé garder le souvenir d'avoir, enfant, joué avec la famille McCann et donné à manger au petit frère de Madeleine.
Son avocat, Tom Price, avait appelé les jurés à la relaxer, arguant de ce "passé malheureux" et de sa confusion sur ses origines familiales. En vain. Le juge n'a pas encore fixé de date pour fixer sa peine.
L'affaire McCann a connu de nombreux rebondissements depuis la disparition de Madeleine le 3 mai 2007.
Le dernier en date remonte à septembre lorsque le principal suspect, l'Allemand Christian Brückner, est sorti de prison après avoir purgé une peine de sept ans pour le viol d'une septuagénaire au Portugal en 2005.
Il a été remis en liberté faute de preuves, même si les procureurs allemands l'avaient désigné comme leur principal suspect dans l'affaire McCann en 2020.
Le magazine allemand Der Spiegel a écrit en octobre qu'il dormait maintenant dans la rue à Kiel, une ville du nord de l'Allemagne, avec deux policiers le protégeant constamment contre d'"éventuelles attaques du public".








