Burundi : six personnes accusées de sorcellerie lynchées à mort par une milice

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Six personnes accusées de sorcellerie par leur communauté sont mortes lundi brûlées vives, lapidées ou battues par une milice locale dans la province burundaise de Bujumbura, a déclaré mercredi à l'AFP un responsable local.
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Cette source ainsi que des témoins ont accusé les Imbonerakure, nom qui désigne les membres du puissant mouvement de jeunesse du parti au pouvoir, qualifié de milice par l'ONU et des organisations de défense des droits humains.

"Lundi en fin d'après-midi, un groupe de jeunes Imbonerakure s'est introduit dans les (foyers) d'une dizaine de personnes accusées de sorcellerie. Ils se sont ensuite jetés sur elles", a déclaré à l'AFP sous couvert d'anonymat un responsable administratif de la colline de Gasarara, à environ 10 km de la capitale économique burundaise. 

"Six personnes ont été tuées, dont deux brûlées vives. Les autres ont été tuées à coups de gourdin ou lapidées à l'aide de grosses pierres qu'ils leur ont jetées sur la tête. C'était horrible, une barbarie sans nom", a ajouté cette source. 

Plusieurs vidéos de ces attaques non vérifiées par l'AFP circulent sur les réseaux sociaux et ont été authentifiées à l'AFP par deux témoins, qui y ont formellement identifié des Imbonerakure.

Trois personnes secourues

Plusieurs organisations de défense des droits, notamment Human Rights Watch, ont accusé par le passé les Imbonerakure d'avoir tué et torturé des dizaines de personnes, notamment sous le régime du précédent président, Pierre Nkurunziza. 

"Trois autres personnes (...) étaient en train d'être battues et allaient être tuées" mais ont été secourues par les forces de l'ordre, a précisé le même responsable local. 

L'incident a été confirmé mardi à la presse par le gouverneur de la province de Bujumbura Désiré Nsengiyumva, qui a justifié l'arrivée tardive de la police par "l'enclavement" de la colline de Gasarara, une zone "très difficile d'accès". 

Dénonçant une "justice populaire inadmissible", Bujumbura Désiré Nsengiyumva a affirmé que les habitants ont désigné "à tort" les victimes comme les responsables de récents décès inexpliqués sur la colline.

Il a ajouté que 12 suspects ont été interpellés, sans plus de précisions sur leur identité.

Au Burundi, très majoritairement chrétien mais où les croyances traditionnelles sont très ancrées, de tels drames sont fréquents, les Burundais attribuant les cas de mort inexpliquée à des ensorcellements.

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