Les tensions sont fortes dans la région après une série d'attaques meurtrières ces derniers jours. Des éleveurs peuls nomades sont notamment soupçonnés d'avoir tué des dizaines de personnes dans la zone de gouvernement local de Mangu.
L'État de Plateau connaît depuis longtemps des violences, avec une recrudescence ces derniers temps, entre éleveurs musulmans et agriculteurs sédentaires, principalement chrétiens, pour le contrôle des terres et des ressources.
Il y a quelques jours, le président nigérian Bola Tinubu a ordonné aux forces de sécurité de lutter contre les violences dans la région.
Ibrahim Umar, qui a survécu à l'attaque de la foule survenue vendredi, a expliqué que 31 personnes dans le bus se rendaient de Zaria à Qua'an Pan pour assister à un mariage, lorsque leur chauffeur s'est perdu et s'est arrêté pour demander son chemin.
"Nous nous sommes approchés d'une communauté vers 18h (vendredi), nous nous sommes arrêtés et avons demandé le chemin pour Qua'an Pan. Certains d'entre eux (les villageois) ont dit : ce sont des Haoussas, tuons-les", a-t-il raconté par téléphone à l'AFP depuis un hôpital où il est soigné.
La foule a mis le feu au bus
"Ils ont pris le bus dans lequel nous étions, ils ont commencé à le détruire avec des bâtons, des machettes et des pierres. Ils nous ont frappés et huit d'entre nous sont morts", a narré Ibrahim Umar, ajoutant que quatre personnes étaient toujours portées disparues.
La foule a mis le feu au bus et à sept corps, selon M. Umar.
Le président du conseil de gouvernement local de Mangu, Emmanuel Bala, a expliqué à l'AFP que les habitants du village étaient en alerte après la récente vague d'attaques.
"Il est malheureux que des gens innocents, des musulmans haoussas, aient été attaqués et tués", a-t-il estimé, ajoutant qu'ils avaient été attaqués par "une foule déchaînée".
"La mort de huit personnes a été confirmée, je me suis personnellement rendu sur place", a-t-il précisé.
Caleb Manasseh Mutfwang, le gouverneur de l'État de Plateau, a exprimé dans un communiqué "choc et chagrin après l'action tragique d'une foule qui a pris les vies de huit personnes".
Bien que souvent présentés comme des affrontements ethniques et religieux, ces conflits locaux résultent généralement de dynamiques plus complexes : des rivalités foncières aggravées par le changement climatique, la prolifération des armes légères et l'absence de réponses durables de la part de l'État nigérian.