Au Vietnam, l'Assemblée approuve la réduction du nombre de provinces, environ 80 000 emplois supprimés

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Le Vietnam a approuvé jeudi un nouveau découpage administratif réduisant de moitié le nombre de provinces, présenté comme une "révolution" par le pouvoir communiste qui cherche à économiser des milliards de dollars au nom de l'efficacité de l'Etat.
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Cette réforme entraînera la suppression d'environ 80.000 postes, a estimé le ministère de l'Intérieur. Le gouvernement espère supprimer un emploi sur cinq dans le secteur public au cours des cinq prochaines années.

En février, une première salve de coupes drastiques a diminué le nombre de ministères et d'agences gouvernementales de 30 à 22, poussant au départ quelque 23.000 fonctionnaires.

Cette initiative, qui rappelle la vaste offensive lancée aux Etats-Unis par le président Donald Trump et le milliardaire Elon Musk pour sabrer les dépenses fédérales, marque un tournant majeur dans un pays où travailler pour l'appareil communiste a longtemps signifié bénéficier d'un emploi à vie.

Elle intervient dans une période charnière pour le Vietnam, dont la croissance basée sur l'exportation de produits à faible valeur ajoutée est menacée par l'offensive douanière de Washington, incitant les dirigeants à repenser le modèle en place depuis les années 1980.

Sans surprise, l'Assemblée nationale a voté massivement (461 pour, 1 contre, 3 abstentions) pour fusionner des régions, dans ce qui constitue la plus grande reconfiguration de sa carte depuis la fin de la guerre.

"Choqué"

"Il s'agit de la plus grande révolution depuis la création du pays", s'est félicitée la ministre de l'Intérieur Pham Thi Thanh Tra devant les députés, dans des propos rapportés mercredi par la presse officielle.

Dans le détail, le Vietnam comptera désormais 28 provinces et six villes autonomes, soit 34 entités locales, contre 63 auparavant.

Si la capitale Hanoï (nord) ne change pas, Ho Chi Minh-Ville, la capitale économique du Sud, absorbe deux provinces voisines, pour atteindre environ 14 millions d'habitants.

Un employé provincial a confié à l'AFP qu'il était "choqué et triste" d'apprendre qu'il allait devoir quitter son poste après plus de trente ans au service de l'Etat.

"Je pourrais recevoir quelques milliards de dongs (1 Md VND = 33.000 EUR) de compensation, mais je ne suis pas heureux", a déclaré ce membre du parti communiste, âgé de 58 ans, qui a refusé de donner son identité.

"Je ne sais pas ce que je vais faire maintenant, bien que je pense que je sois toujours apte à travailler", a-t-il poursuivi.

"Service actif"


La nouvelle carte administrative entrera en vigueur début juillet, a précisé le gouvernement, mais des changements sont encore à prévoir dans les prochains jours.

Les députés vont également voter pour réduire le nombre d'échelons locaux de trois à deux, de manière à rendre les communes plus grandes. Le ministère de l'Intérieur a déjà indiqué que près de 70% des effectifs municipaux allaient perdre leur travail à la suite de cette réforme.

"Je pense que la fusion est bonne pour tout le monde, et je la soutiens", a déclaré Nguyen Thang Loi, 52 ans, originaire de la province de Thai Binh (nord), qui sera absorbé par Hung Yen.

"Mais je suis si triste que le nom de ma province, qui a duré des générations, disparaisse", a-t-il poursuivi.

Cette restructuration résulte d'une "détermination stratégique sans précédent dont l'objectif principal est d'obtenir un développement national rapide, stable et durable", a déclaré To Lam, le dirigeant le plus puissant du Vietnam, qui occupe la fonction de secrétaire général du parti.

Le nouvel appareil étatique permettra de "passer d'une gestion passive à un service actif pour le peuple", a-t-il assuré.

Le Vietnam, qui affiche le taux de croissance le plus élevé d'Asie du Sud-Est (7,1%), a entamé des manoeuvres sans précédent dans une période d'incertitudes qui a remis en cause sa stratégie ayant sorti le pays de la misère après des décennies de guerre.

La menace du président américain Donald Trump d'imposer une surtaxe de 46% sur les produits vietnamiens à destination des Etats-Unis donne des sueurs froides aux dirigeants communistes qui essayent de trouver un accord par tous les moyens.

Le pays de quelque 100 millions d'habitants espère intégrer le cercle des économies à revenu élevé d'ici 2045.

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