Le gouvernement a annoncé une série de mesures pour renforcer la protection des enfants contre les agressions sexuelles dans le secteur de la petite enfance.
En août, il a décidé d'instaurer, dès 2026, un registre national des employés dans les garderies australiennes et crèches et la formation obligatoire du personnel en matière de sécurité.
Canberra entend aussi tester la vidéosurveillance dans 300 crèches et interdire aux employés d'utiliser leur téléphone portable.
La procureure générale du pays, Michelle Rowland, avait appelé en juillet à des "changements significatifs" en "urgence" dans la gestion des crèches.
"Il est temps d'empêcher les prédateurs d'exploiter les failles de la multitude de systèmes différents qui existent à travers le pays", avait-t-elle déclaré en juillet.
Des affaires qui secouent le pays
En novembre 2024, Ashley Paul Griffith, qui a travaillé dans des crèches entre 2003 et 2022, a plaidé coupable de plus de 300 chefs d’accusation pour agressions sexuelles et viols sur plus de 60 enfants.
Certaines des victimes, en majorité des filles, avaient à peine un an, selon la police.
Condamné à la prison à perpétuité, il a fait appel.
En juillet, une nouvelle affaire a secoué l’Australie. Joshua Dale Brown, 26 ans, qui a travaillé dans 23 crèches de Melbourne pendant huit ans, a été inculpé par la police de l’Etat de Victoria pour plus de 70 agressions sexuelles sur huit enfants âgés de cinq mois à deux ans.
Les autorités ont recommandé qu'environ 2.000 enfants ayant pu être à son contact soient testés pour détecter une éventuelle exposition à des maladies infectieuses.
Un cabinet d’avocats australien, représentant un parent, poursuit le G8 Education, qui gérait plusieurs établissements où Joshua Dale Brown a travaillé, affirme que plus d'une centaine de familles ont sollicité ses conseils juridiques.
"Ces parents sont traumatisés" a déclaré Jodie Harris, avocate au sein de ce cabinet, au journal australien The Age.
"Entre les mailles du filet"
Le nombre de crèches en Australie a augmenté de 60% ces dix dernières années, un essor soutenu par le financement public.
Les subventions sont versées à la fois à des prestataires à but non lucratif et lucratif, ces derniers représentant 70% du total en 2024.
Certains établissements privés sont accusés de privilégier les profits au détriment de la qualité.
Selon des experts, la réglementation n'a pas suivi le rythme d'expansion du secteur.
"Non", le système de garde d'enfant en Australie n'est pas sûr, estime Michael Salter, professeur à l'Université de Nouvelle-Galles du Sud et spécialiste reconnu de l'exploitation et des agressions sexuelles sur mineurs.
À mesure que des crèches privées ont rejoint ce secteur, dopé par les politiques gouvernementales visant à aider les femmes à reprendre le travail, "nous avons constaté un manque de rigueur réglementaire dans l’application des normes, ainsi qu’une tendance, selon moi, à faire des compromis sur les standards de sécurité", regrette ce spécialiste.
"Nous en payons aujourd’hui le prix fort".
Fin 2017, un rapport accablant de la Commission royale sur les violences sexuelles commises sur les enfants dans les institutions a formulé des centaines de recommandations, dont l'obligation de signalement ou une meilleure sensibilisation.
Si le gouvernement australien assure que la majorité de ces recommandations a été mise en oeuvre, les experts ont dénoncé un manque d'harmonisation, réclamant la création d'un registre national répertoriant les qualifications, antécédents et éventuelles enquêtes en cours concernant les employés des crèches.
Actuellement, chaque Etat collecte, indépendamment des autres, ses propres informations sur ces agents, sans mutualisation effective, ce qui a créé un vide quand le salarié change d'employeur.
"C'est un système qui a permis à ces prédateurs de passer entre les mailles du filet", explique Alison Geale, directrice générale de l'organisation de protection de l'enfance australienne Bravehearts.
"Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour garantir la sécurité de nos enfants lorsqu'ils franchissent les portes d'un centre de garde d'enfants", a déclaré le ministre de l'Éducation Jason Clare au Parlement.
Jason Clare a reconnu qu'il "reste encore beaucoup à faire".








