Le procès pour trafic sexuel du magnat du hip-hop P. Diddy va commencer

Crédit : Paras Griffin/Getty Images
L'heure du procès a sonné pour le magnat du hip-hop P. Diddy, figure majeure de l'industrie musicale américaine qui a rendez-vous lundi au tribunal fédéral de New York, accusé d'avoir mis son empire au service d'un système violent et sans pitié de trafic sexuel.
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De son vrai nom Sean Combs, l'artiste et producteur phare de 55 ans, qui a amassé une fortune considérable grâce à ses affaires dans la musique et les boissons alcoolisées, dort depuis son arrestation il y a huit mois dans un centre de détention de Brooklyn réputé pour sa violence et son délabrement.

P. Diddy risque la prison à vie pour trafic à des fins d'exploitation sexuelle, transport de personnes à des fins de prostitution, ainsi que des actes d'enlèvement, corruption et de violences regroupés sous l'inculpation d'entreprise criminelle. Une qualification pénale souvent utilisée contre les organisations mafieuses. 

Le procès va démarrer par la sélection du jury, qui devrait durer une semaine.

P. Diddy réfute de nouvelles accusations avant son procès pour trafic sexuel

Bling-bling

L'affaire secoue l'industrie musicale américaine, qui, à l'exception de la vedette déchue du R&B R. Kelly, condamné à 30 ans de prison pour crimes sexuels en 2022, a pour l'instant échappé à la vague #MeToo, contrairement à l'univers d'Hollywood.  

Depuis les années 1990, "Diddy", "Puff Daddy", ou "P. Diddy" est une figure centrale du hip-hop de la "côte est", qu'il a aidé à rendre incontournable en lançant des stars comme Mary J. Blige ou la légende du rap new-yorkais The Notorious Big, assassiné en 1997. 

Connu pour son image bling-bling, il avait l'habitude de donner des fêtes somptueuses où se pressait le gratin du showbiz et a longtemps maintenu son aura, malgré une réputation violente. Son procès s'ouvre, comme un symbole, le même jour que le célèbre gala du Metropolitan Museum de New York, rendez-vous mondain par excellence où il avait l'habitude de monter les marches au milieu de dizaines d'autres célébrités.

Le rappeur et producteur a plaidé non coupable de l'intégralité des charges, en assurant que toutes les relations sexuelles étaient consenties. Lors d'une récente audience préliminaire, son avocat Marc Agnifilo a donné un aperçu de la stratégie de défense en évoquant le mode de vie "échangiste" de l'artiste.

Cassie

Au coeur des poursuites, qui s'étalent sur une période de 2004 à 2024, figure au contraire l'organisation de marathons sexuels appelés "freak-offs", alimentés par la prise de drogues, et où des femmes étaient contraintes à de longues relations avec des travailleurs du sexe.

Selon l'acte d'accusation, Sean Combs "dirigeait" ses scènes, parfois enregistrées en vidéo et pouvait se montrer menaçant ou violent pour arriver à ses fins. Le parquet fédéral de Manhattan évoque des complices sans les nommer, mais Sean Combs sera le seul accusé.

La chanteuse de R&B Cassie, qui avait été en couple avec Diddy, sera l'un des témoins les plus attendus. Une vidéo diffusée par CNN et captée par des caméras de surveillance avait montré Sean Combs se livrer à un véritable déchaînement de violence contre elle, en 2016, dans un hôtel de Los Angeles. 

Cassie avait ouvert les vannes contre le lauréat des Grammy Awards en déposant une plainte civile en 2023, affirmant que son ancien compagnon l'avait soumise à plus d'une décennie de violences et un viol en 2018. L'affaire s'était très vite réglée à l'amiable, mais une série d'accusations d'agressions sexuelles et de viol a suivi.

Par la suite, le FBI avait lancé une vaste opération de perquisitions dans ses résidences de Miami et Los Angeles.

En parallèle de son procès pénal, Diddy croule désormais sous les plaintes au civil de plus d'une centaine de victimes présumées de violences sexuelles. 

"La chute de P. Diddy", série documentaire en vue

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