Les prémices d'une guerre civile ? Mercredi 8 octobre au soir, des soldats ont commencé à être déployés dans l'aire métropolitaine de Chicago, dans l'Illinois. Environ 200 gardes-nationaux du Texas et 300 gardes-nationaux de l'Etat, selon l'armée.
Un peu plus tôt, Donald Trump appelait à mettre en prison deux élus démocrates de l'Illinois, qu'il accuse de contrecarrer sa campagne d'expulsions massives de migrants.
Manifestations et poursuites en justice
Chicago, la plus grande ville de l'Illinois et la troisième plus grande du pays, est le plus récent point chaud de la politique musclée menée par le président américain contre l'immigration illégale, qui suscite des accusations d'abus des droits humains et d'autoritarisme, des manifestations et des poursuites en justice.
La Maison Blanche cible les villes dirigées par des démocrates. Certaines d'entre elles sont dites "sanctuaires", car les migrants en situation irrégulière et menacés d'expulsions y sont protégés.
La police fédérale de l'immigration (ICE), reconnaissable à ses agents masqués, est chargée de mener à bien les opérations.
Le maire de Chicago a annoncé la mise en place de "zones interdites à ICE", et accusé les républicains de vouloir "faire la revanche de la guerre civile".
Garde nationale
La garde nationale a également été déployée ces derniers mois à Los Angeles, Washington et Memphis, à chaque fois malgré l'opposition des responsables locaux. Le milliardaire républicain dit avoir besoin de l'armée pour protéger les agents d'ICE et lutter contre la criminalité.
Les autorités municipales et de l'Etat arguent, elles, que les forces de l'ordre locales suffisent face aux éventuels troubles à l'ordre public.
Selon l'administration Trump, des dizaines de personnes ont été arrêtées. Des médias ont rapporté, eux, la détention de citoyens américains pendant plusieurs heures.
Une juge y a provisoirement bloqué le déploiement militaire, arguant qu'il n'y avait pas "d'insurrection à Portland, ni de menace pour la sécurité nationale", ajoutant que les Etats-Unis étaient "un pays de droit constitutionnel et non de loi martiale".
Un sondage CBS publié dimanche a révélé que 58% des Américains s'opposent au déploiement de la Garde nationale dans les villes.
Mélange des genres
Pour justifier cette intervention de l'armée, Donald Trump évoque la violence qui "ravage" les villes. Selon le président Américain, des militants d'extrême gauche entrent en confrontation avec les forces de l’ordre et les agents de l’immigration.
Dans une confusion des genres, il assimile violence, immigration et extrême gauche.
La violence semble, certes, s'affirmer depuis un an, mais son ampleur reste limitée.
Dans une note publiée par le cercle de réflexion libéral Cato Institute, l’analyste Alex Nowrasteh explique que 3 597 personnes ont été tuées dans le pays depuis 1975 dans des attaques terroristes, dont 83% le 11 septembre 2001.
Pour le reste, la violence d'extrême droite aurait fait 391 victimes. Celle d'extrême gauche, 65.
"Terrorisme"
Donald Trump a d'ailleurs participé mercredi 8 octobre à un événement à la Maison Blanche centré sur le mouvement "Antifa", qui rassemble des groupes se réclamant de l'antifascisme, et sur Portland, autre ville démocrate du nord-ouest du pays où il a aussi tenté d'envoyer des troupes.
"Nous avons une très sérieuse menace terroriste de l'extrême gauche dans notre pays", a-t-il assuré en évoquant "Antifa", une nébuleuse sans existence légale formelle qu'il a déjà classée comme organisation terroriste.
La ministre de la Sécurité intérieure, Kristi Noem, qui était mardi à Portland (nord-ouest), a affirmé que les manifestants "Antifa" étaient "tout aussi dangereux" que le mouvement islamiste palestinien Hamas. "Leur intention est de nous détruire, juste comme les autres terroristes".
Le président américain a par ailleurs signé lundi un classant le mouvement "Antifa", qui rassemble des groupes se réclamant de l'antifascisme, comme "organisation terroriste""À compter d'aujourd'hui (mercredi), des éléments de la Garde nationale du Texas (...) sous le commandement et le contrôle du Commandement Nord des États-Unis, sont utilisés dans la région métropolitaine de Chicago", a indiqué sur X le Commandement nord des Etats-Unis.
Décret 22 septembre, a désigné comme “organisation terroriste” un mouvement antifasciste
Donald Trump a agité la possibilité d'invoquer l'Insurrection Act, compilation de lois des XVIIIe et XIXe siècles, qui permet de proclamer un état d'urgence autorisant l'usage des forces armées contre des citoyens américains.