Le Cambodge et la Thaïlande s'accusent de provoquer des heurts frontaliers

Credit : chuanchai / Getty images
Le Cambodge et la Thaïlande se sont accusés mercredi de nouveaux affrontements le long de leur frontière, Phnom Penh affirmant qu'un civil cambodgien avait été tué, deux jours après que Bangkok a annoncé la suspension d'un accord de paix soutenu par les États-Unis.
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Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a affirmé que des soldats thaïlandais avaient abattu une personne lors d'un échange de tirs à la frontière, théâtre en juillet d'affrontements meurtriers.

"Je condamne l'utilisation de la violence par la partie thaïlandaise contre des civils cambodgiens dans le village de Prey Chan en fin d'après-midi (...) qui a blessé trois civils cambodgiens et fait un mort," a déclaré mercredi Hun Manet sur Facebook. 

Peu avant, le ministre cambodgien de l'Information, Neth Pheaktra, a déclaré à l'AFP, en citant les autorités locales, que "des soldats thaïlandais (avaient) ouvert le feu sur des civils", blessant au moins cinq personnes à Prey Chan, dans la province de Banteay Meanchey. 

Le porte-parole de l'armée royale thaïlandaise, Winthai Suvaree, a affirmé de son côté que des soldats cambodgiens avaient "tiré des coups de feu sur le territoire thaïlandais" vers 16H00 (09H00 GMT) et que ses troupes "se sont mises à couvert et ont tiré des coups de semonce en réponse".

"L'incident a duré environ 10 minutes avant que le calme ne soit rétabli", a-t-il déclaré dans un communiqué, et "aucune victime thaïlandaise n'a été signalée".

Le ministère cambodgien de l'Information a diffusé des images et une vidéo, qui selon lui, montrent des civils blessés, dont un homme soigné dans une ambulance avec une jambe ensanglantée. L'AFP n'a pas pu vérifier la provenance de ces images.

"Je vais m'enfuir"

Une villageoise cambodgienne, Hul Malis, a déclaré par téléphone à l'AFP que des tirs provenant de l'autre côté de la frontière avaient blessé au moins trois personnes dans sa région. 

"Ils nous ont juste tiré dessus. Nous n'avons rien fait", a-t-elle dit. "Je suis tellement effrayée, je vais m'enfuir maintenant".

Son mari, Thong Kimleang, a déclaré que l'armée thaïlandaise "avait tiré de nombreux coups" pendant environ 15 minutes.

Cinq jours d'hostilités entre la Thaïlande et le Cambodge en juillet menées par leurs troupes au sol, leur artillerie et leur aviation avaient fait 43 morts et provoqué l'évacuation d'environ 300.000 personnes, avant qu'un plan de paix cosigné fin octobre par le président américain Donald Trump n'apaise les tensions. 

L'accord prévoyait notamment la libération de 18 prisonniers cambodgiens détenus en Thaïlande depuis plusieurs mois. Les deux parties avaient également accepté de retirer les armes lourdes et de déminer les zones frontalières.

Cependant, la Thaïlande a suspendu la mise en œuvre de l'accord de paix lundi, en affirmant qu'une explosion d'une mine terrestre récemment posée avait blessé quatre de ses soldats.

Les deux pays voisins d'Asie du Sud-Est ont un différend ancien portant sur le tracé de certaines parties de leur frontière, longue de 800 kilomètres, effectué lors de l'ère coloniale française. Les zones disputées abritent plusieurs temples.

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