Madagascar : le président déchu Andry Rajoelina confirme avoir "quitté le pays"

Capture Facebook Andry Rajoeina
L'Assemblée nationale de Madagascar avait voté la destitution du président Andry Rajoelina mardi et, dans la foulée, les militaires ont affirmé "prendre le pouvoir". Andry Rajoelina est contesté dans la rue depuis des semaines et faisait l'objet de rumeurs de fuite.
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Le président déchu de Madagascar, Andry Rajoelina, a confirmé avoir "quitté le pays", selon un communiqué de son entourage transmis à l'AFP dans la nuit de mercredi à jeudi, à la veille de l'investiture attendue d'un colonel à la tête du pays.

M. Rajoelina, conspué dans la rue depuis plusieurs semaines par des manifestants, est parti entre le 11 et le 12 octobre après que "des menaces explicites et extrêmement graves ont été proférées contre la vie du chef de l’État", précise ce communiqué.

Exfiltration par un avion français

C'est la première fois qu'Andry Rajoelina reconnaît son départ depuis que la radio française RFI avait annoncé son exfiltration dimanche par un avion militaire français.

Lors d'une allocution lundi, il avait dit s'être réfugié dans un "lieu sûr", sans plus de précision.

Le colonel Michaël Randrianirina, qui doit être investi nouveau président vendredi de cette île particulièrement pauvre de l'océan Indien, a déclaré mardi que son unité militaire prenait le pouvoir après un vote de destitution d'Andry Rajoelina par l'Assemblée nationale, que le président avait dissoute quelques heures plus tôt.

"Violations constitutionnelles"

Les "menaces" contre le président déchu sont intervenues "alors qu'il devait partir en mission à l'étranger. Pour effectuer ses missions et se protéger il a quitté le pays", indique le communiqué.

Installé une première fois au pouvoir en 2009 dans des conditions similaires, quand il avait été désigné par les militaires après un soulèvement populaire, Andry Rajoelina, 51 ans, qualifie les procédures l'ayant destitué de "violations constitutionnelles".

La décision de la Haute cour constitutionnelle d'inviter le colonel Randrianirina à devenir nouveau chef de l’État "laisse supposer l’existence d’actes de corruption", d'après M. Rajoelina.

Quand au vote de destitution de l'Assemblée nationale, qu'il avait dissoute quelques heures plus tôt, il "fait également soupçonner une coordination avec la faction militaire", accuse-t-il.

Pays "au bord du gouffre"

Le colonel Randrianirina a annoncé mercredi qu'il "prêtera serment en qualité de président de la Refondation de la République de Madagascar" vendredi, dans un communiqué signé de sa main et diffusé par la télévision publique.

"Ce n'était pas un coup d’État, c'était une prise de responsabilité parce que le pays est tombé au bord du gouffre", s'est-il défendu auprès de chaînes de télévision malgaches. Un comité d'officiers de l'armée, de la gendarmerie et de la police doit superviser une refonte des institutions.

Le mouvement Gen Z mené par les jeunes, qui a initié les manifestations à partir du 25 septembre, a salué l'intervention du colonel Randrianirina.

Madagascar, île à la population très pauvre, a une longue histoire de soulèvements populaires suivis par la mise en place de gouvernements militaires de transition. Au moins 80% des 32 millions d'habitants de Madagascar vivent avec moins de 15 000 ariary par jour (2,80 euros), le seuil de pauvreté fixé par la Banque mondiale.

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