Mort en garde à vue au Kenya : le chef du poste de police arrêté

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Le chef du poste de police de Nairobi où est décédé le weekend dernier un homme qui avait critiqué un officier sur les réseaux sociaux a été arrêté vendredi, ont annoncé à l'AFP des sources policières, l'une le qualifiant de "principal suspect".
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Un an après la sanglante répression du mouvement de contestation de juin 2024, durant lequel les forces de sécurité sont accusées par les ONG d'avoir tué au moins 60 personnes, la mort en cellule d'Albert Ojwang, 31 ans, a provoqué une forte indignation et des manifestations au Kenya.

La police avait initialement affirmé que l'enseignant s'était suicidé durant sa détention en se tapant la tête contre les murs de sa cellule, avant que l'autopsie ne révèle de nombreuses lésions au crâne et au cou incompatibles avec des blessures auto-infligées.

Dans un communiqué, l'Autorité indépendante de surveillance de la police (IPOA) a indiqué que le chef du poste du commissariat central de Nairobi où le drame s'est déroulé, Samson Talaam, et un civil, avaient été arrêté. 

L'agent James Mukhwana, attaché à ce commissariat, avait été arrêté jeudi, et a été escorté au tribunal vendredi par des agents de l'IPOA.

Ces derniers ont demandé un délai de trois semaines au tribunal pour boucler leur enquête et informé la cour que James Mukhwana se trouvait au commissariat la nuit où Albert Ojwang y a été transféré à la demande de la police judiciaire kényane.

Samson Talaam a pour sa part "été arrêté cet après-midi à Eldoret", dans l'ouest du pays, a précisé à l'AFP un haut gradé de la police joint par téléphone. 

"L'agent, suspect principal du meurtre d'Albert Ojwang a été (...) remis à l'IPOA, qui mène l'enquête", a déclaré un agent de la direction des enquêtes criminelles (DCI).  

Selon l'enquête de l'IPOA, des interférences dans le système de vidéosurveillance du commissariat ont été constatées, avec "les disques d'exploitation (...) modifiés et formatés" au matin du 8 juin, jour où elle a appris le décès de M. Ojwang. 

"Policiers voyous"

Albert Ojwang avait été arrêté pour avoir publié sur les réseaux sociaux des messages accusant de corruption l'inspecteur général adjoint de la police, Eliud Kipkoech Lagat. Arrêté dans l'ouest du Kenya, il avait été transféré à Nairobi, à plus de 250 km.

En début de semaine, un porte-parole des forces de l'ordre avait annoncé la suspension de cinq policiers pour les besoins de l'enquête.

Elle a fait revenir sur le devant de la scène la question des exactions policières dans ce pays d'Afrique de l'Est où l'urgence d'une réforme des forces de l'ordre est régulièrement rappelée par les défenseurs des droits humains.

Au Kenya, 18 personnes sont mortes en garde à vue ces quatre derniers mois, selon un communiqué de l'IPOA, qui a rectifié un chiffre fourni jeudi par son chef Isaack Hassan lors d'une audition parlementaire.

Le président kényan William Ruto a exigé mercredi une enquête rapide sur cette nouvelle affaire, condamnant un incident "commis par la police", "tragique" et "inacceptable". Vendredi, il a promis que le gouvernement "protégerait les citoyens contre les policiers voyous".

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