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A l'audience, le 19 mars, le procureur avait requis quatre mois de prison avec sursis contre le chasseur de 81 ans, auteur du tir mortel après avoir été blessé par Caramelles, une femelle de 150 kg, accompagnée de deux oursons.
Contre les quinze autres chasseurs ayant participé à la battue dans une réserve naturelle d'Ariège, le procureur Olivier Mouysset a demandé des suspensions du permis de chasse et des amendes.
Les avocats de la défense ont demandé la relaxe des chasseurs.
"Je suis dans l'attente sereine du jugement à venir", a dit à l'AFP Charles Lagier, avocat du chasseur auteur du tir mortel.
L'ours "poursuit son développement" dans les Pyrénées mais son avenir n'est pas garanti
Indemnisation
Les autres chasseurs espèrent échapper à une condamnation, ainsi qu'aux lourdes indemnisations exigées par les associations défendant la présence de l'ours dans les Pyrénées, qui ont réclamé lors de l'audience 100.000 à 175.000 euros, afin de remplacer l'ourse abattue.
L'un des participants à la battue estime que l'Office national des forêts (ONF) a sa part de responsabilité: "L'ONF a laissé les battues se dérouler pendant 40 ans dans cette réserve."
L'ours brun des Pyrénées reste en voie d'extinction, malgré un programme de restauration de la population lancé dans les années 1990. Alors que le plantigrade avait pratiquement disparu, le massif en compte désormais près d'une centaine, grâce à des lâchers d'ours venus de Slovénie, selon le dernier comptage de l'Office français de la biodiversité (OFB).
A la barre du tribunal correctionnel de Foix le 19 mars, le principal accusé a reconnu avoir ouvert le feu sur l'ourse, précisant qu'il n'avait pas eu d'autre choix que d'utiliser son arme pour sauver sa vie.
"Elle m'a attrapé la cuisse gauche, j'ai paniqué et j'ai tiré un coup de carabine. Elle a reculé en grognant, elle m'a contourné et m'a mordu le mollet droit, je suis tombé, elle me bouffait la jambe, j'ai réarmé ma carabine et j'ai tiré. Elle est morte cinq mètres plus bas", a-t-il relaté lors du procès.
Cohabitation
Les parties civiles comme l'accusation s'accordent sur le caractère accidentel.
Mais, souligne le procureur, le chasseur octogénaire "a pris sciemment le risque d'une confrontation avec l'ourse dans la réserve, qui est une zone de quiétude" pour cet animal. Il a également requis deux ans d'interdiction de port d'arme, deux ans de suspension du permis de chasse et 1.800 euros d'amende à son encontre.
Les organisations écologistes constituées parties civiles réclament une condamnation et une réparation du préjudice environnemental, de façon collective. Alain Reynes, directeur de l'association Pays de l'Ours, met en avant "une série d'infractions en amont" qui ont conduit à l'accident de chasse.
Outre la sanction judiciaire, il souhaite "que ce procès (fasse) avancer la réflexion sur la cohabitation entre chasse et ours".
Pour François Ruffié, avocat de l'Association pour la sauvegarde et la protection des animaux sauvages (ASPAS), également partie civile, "les réquisitions sont mesurées et adaptées à la situation".
Concernant les indemnisations, qui seront décidées dans un second temps, "on connaît le coût de la réintroduction, on a calé nos demandes indemnitaires sur cela. Le fait de tuer une femelle reproductrice, c'est une atteinte à la nature", a-t-il insisté.
Sur les traces de l'ours brun des Pyrénées