Les policiers ont été placés sous contrôle judiciaire, sans interdiction d'exercer, a précisé le parquet.
La jeune femme, âgée de 19 ans à l'époque, rentrait du travail, lorsqu'elle a été atteinte à une cuisse d'un tir de LBD (lanceurs de balle de défense), dans une ruelle du coeur commerçant de Marseille. Elle a ensuite été violemment frappée au sol par une quinzaine de policiers, à coups de pieds et de matraques qui lui ont fracturé le crâne et laissé d'importantes séquelles.
Une photo prise à l'hôpital de Maria, le prénom d'emprunt de la jeune femme, que La Provence republie vendredi, témoigne de la violence des coups: la tête partiellement rasée, elle porte sur le crâne deux énormes cicatrices.
Jeudi soir, son avocat, Maître Brice Grazzini, se réjouissait que "presque sept ans après les faits et suite à une bataille judiciaire sans précédent le dossier soit relancé".
Des violences commises "de façon purement gratuite"
"Sans l'ombre d'un doute, les individus qui ont violenté (Maria) avaient tous la qualité de fonctionnaires de police et ces violences sont d'autant plus inacceptables qu'elles ont été commises de façon purement gratuite", avait conclu une première fois le juge d'instruction saisi du dossier, en décembre 2020.
Mais l'affaire Maria n'a jamais abouti, jusqu'à présent, à des mises en cause, du fait de la difficulté à identifier les policiers présents.
L'enquête de l'IGPN a stagné plusieurs mois. L'effacement des enregistrements radio du logiciel Acropol, qui capte les échanges entre policiers sur le terrain, des images de vidéosurveillance de la ville, se sont ajoutés à une panne du logiciel Pégase, qui suit les demandes d'intervention à la police.
Le dossier a été rouvert, et clos, à plusieurs reprises.
Le jour des faits, le 8 décembre 2018, la colère des "gilets jaunes" était à son paroxysme dans la deuxième ville de France, s'ajoutant au drame du logement insalubre qui venait de frapper Marseille en emportant huit personnes dans l'effondrement d'un immeuble quelques semaines plus tôt.
Deux manifestations s'étaient rejointes dans le centre-ville, mobilisant près de 500 policiers dans un climat très tendu, décrit comme "insurrectionnel" par un chef d'état-major, avec barricades et pillages de magasins: 680 grenades lacrymogènes lancées, 80 tirs de LBD, 47 interpellations, deux policiers blessés.