La magistrate, âgée de 50 ans, avait été reconnue coupable de ces faits d'esclavage moderne le 13 mars, à l'issue d'un procès au tribunal d'Oxford (sud).
Le juge David Foxton, qui a prononcé la peine vendredi, a souligné qu'il s'agissait d'une "très triste affaire" impliquant une magistrate ayant travaillé sur la protection des droits humains.
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"Aucun remord"
Il a estimé que l'accusée, magistrate à la Haute Cour de justice en Ouganda et juge aux Nations unies - poste dont elle a démissionné depuis - n'avait "montré aucun remord" à propos de ses actes et avait même cherché à blâmer la victime, également de nationalité ougandaise.
En février 2023, la police britannique avait reçu un signalement concernant une jeune femme "retenue comme esclave" par Lydia Mugambe à son domicile près d'Oxford.
Les débats lors du procès ont révélé que la magistrate, se trouvant au Royaume-Uni pour étudier dans le cadre d'un doctorat à l'université d'Oxford, s'était entendue avec un haut diplomate de l'ambassade d'Ouganda à Londres, John Leonard Mugerwa, pour faire venir la jeune femme au Royaume-Uni.
Selon la procureure Caroline Haughey, il s'agissait d'un échange "très malhonnête" dans lequel John Leonard Mugerwa faisait parrainer par l'ambassade d'Ouganda la venue de la jeune femme au Royaume-Uni, en échange d'une intervention de la magistrate ougandaise auprès d'un juge chargé de traiter une affaire le concernant.
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"Une peur quasi-permanente"
Lors du procès, la représentante du parquet a accusé Lydia Mugambe d'avoir "profité de son statut" au détriment de sa victime en la forçant à travailler comme femme de ménage et à s'occuper de ses enfants sans être rémunérée, et de l'avoir trompée sur les raisons de sa venue au Royaume-Uni.
L'accusée avait payé le billet d'avion de la victime et était allée la chercher à l'aéroport. Cette dernière a indiqué avoir vécu "dans une peur quasi-permanente" en raison de la position de pouvoir de la magistrate.
Lydia Mugambe a été reconnue coupable notamment d'avoir facilité la commission d'une infraction à la législation britannique sur l'immigration, d'avoir forcé la victime à travailler et d'avoir tenté de l'intimider.
Elle a démenti avoir obligé la jeune femme à effectuer ces tâches domestiques et assuré l'avoir "toujours" bien traitée.
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