L'Ukraine a reçu mercredi une nouvelle proposition de paix de la part des Etats-Unis qui requiert notamment qu'elle cède des territoires à la Russie et réduise son armée de moitié.
Des bombardements russes de la nuit de mardi à mercredi, qui ont ciblé notamment des régions de l'ouest éloignées du front, ont fait au moins 26 morts dont trois enfants, et 92 blessés blessés dans la ville Ternopil, où un journaliste de l'AFP a vu deux immeubles aux derniers étages éventrés.
Conditions maximalistes
Mais malgré les appels de Kiev à renforcer la pression sur Moscou, le nouveau plan américain, selon des déclarations à l'AFP d'un haut responsable ukrainien sous couvert d'anonymat, semble reprendre les conditions maximalistes avancées précédemment par la Russie, des exigences dénoncées par les autorités ukrainiennes comme équivalant à une capitulation.
La proposition inclut la "reconnaissance de (l'annexion de) la Crimée et d'autres régions prises par la Russie" et "la réduction de l'armée à 400 000 personnes", a indiqué cette source. L'Ukraine devrait également renoncer à toutes ses armes à longue portée.
"Une nuance importante est que nous ne comprenons pas s'il s'agit réellement d'un plan Trump" ou "de son entourage", a ajouté le haut responsable ukrainien, qui a également jugé floues les informations sur l'attitude que la Russie serait supposée adopter en retour.
Le média américain Axios avait précédemment affirmé que Washington et Moscou travaillaient en secret sur un plan pour mettre fin à la guerre lancée par Moscou contre son voisin il y a près de quatre ans. Le Kremlin a refusé de commenter ces informations.
"La paix ne peut pas être la capitulation"
"Pour qu'un plan fonctionne, il faut que les Ukrainiens et les Européens soient impliqués, c'est très clair", a affirmé jeudi la cheffe de la diplomatie de l'UE, Kaja Kallas, à Bruxelles.
"La paix ne peut pas être la capitulation", a affirmé de son côté le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à son arrivée à Bruxelles pour une réunion de ses homologues de l'Union européenne.
"Les Ukrainiens refuseront toujours toute forme de capitulation", a-t-il martelé, rappelant que les Européens défendaient le principe d'une paix "juste" et "durable".
"Nous voulons une paix durable qui soit entourée des garanties nécessaires pour prévenir toute nouvelle agression par la Russie de Vladimir Poutine", a-t-il souligné.
Echec à Ankara
De quoi alimenter la visite à Kiev du secrétaire à l'Armée américaine, Daniel Driscoll, qui a rencontré le commandant en chef des armées ukrainiennes Oleksandre Syrsky.
"J'ai une nouvelle fois souligné que le renforcement de la protection de l'espace aérien ukrainien, l'extension de nos capacités de frappe à longue portée contre les cibles militaires ennemies, ainsi que le maintien et la stabilisation de la ligne de front affaibliront le potentiel offensif de l'adversaire et le contraindront finalement à accepter une paix juste", a indiqué Oleksandre Syrsky sur Telegram, sans mentionner le nouveau plan américain.
La Russie, qui occupe environ 20% de l'Ukraine, réclame que celle-ci lui cède cinq régions et renonce à intégrer l'Otan. Kiev refuse et réclame le déploiement de troupes occidentales sur le territoire restant sous son contrôle, ce que la Russie juge inacceptable.
Depuis son retour au pouvoir en début d'année, Donald Trump s'est présenté comme un médiateur avec Moscou pour ce conflit, alors que Washington avait été un soutien militaire et financier majeur de Kiev depuis quatre ans.
Ses efforts n'ont toutefois pas abouti à une cessation des hostilités. Se disant tour à tour frustré par Volodymyr Zelensky puis Vladimir Poutine, il a finalement adopté en octobre des sanctions contre le secteur pétrolier russe.
Le président Volodymyr Zelensky était en Turquie mercredi, où il a tenté en vain mercredi de relancer les négociations de paix. Mais à l'issue d'une rencontre avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan à Ankara, il n'a pu qu'espérer une reprise des échanges de prisonniers de guerre avec la Russie "d'ici la fin de l'année".
Cette visite, sans présence russe, visait à "réengager" les Etats-Unis dans le processus de paix, avait dit un responsable ukrainien à l'AFP. Mais l'émissaire américain Steve Witkoff n'était pas présent et la Russie a poursuivi ses frappes sur les villes et infrastructures énergétiques ukrainiennes.








