Un homme accusé d'avoir assassiné le père pour venger le suicide du fils

Crédit : mnirat / Adobe Stock
Pour venger un ami qui s'était suicidé après avoir découvert la double vie homosexuelle de son père, il aurait assassiné celui-ci. Samuel Matias Batista, 28 ans, comparaît de lundi à mercredi devant la cour d'assises des Landes.
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Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour avoir poignardé à de multiples reprises, le 26 septembre 2019 à Commensacq, un village du nord du département, Guy Lecomte, 55 ans, dont le fils Danaël s'était jeté sous un train quatre ans plus tôt.

Cet ami de l'accusé, mort à 20 ans, venait de découvrir, avec sa mère Isabelle, l'homosexualité et la double vie de son père.

Cadre commercial dans une entreprise d'échafaudages, souvent absent, Guy Lecomte multipliait les pratiques sexuelles extrêmes avec des hommes rencontrés sur Internet, sur fond de consommation massive de stupéfiants.

Après le suicide de leur enfant, le couple s'était séparé, l'épouse tenant ouvertement son mari pour responsable.

32 coups de couteau

Le 27 septembre 2019, alertés par le compagnon de Guy Lecomte qui ne parvient pas à le joindre, les gendarmes se rendent au domicile du quinquagénaire à Commensacq, dans la forêt des Landes de Gascogne.

Ils y découvrent son corps inanimé, présentant 32 plaies au niveau du thorax, de la tête, des mains et des cuisses, le rapport d'autopsie faisant état de "coups portés avec force" avec une arme blanche.

L'analyse d'échantillons d'ADN retrouvés sous les ongles de la victime, et dans sa cuisine, permet d'établir le portrait-robot d'un homme aux yeux bleus, à la peau claire et aux cheveux foncés, qui n'est pas identifié.

En 2021, des prélèvements réalisés sur la population masculine du village ne font pas avancer l'enquête mais en février 2022, les gendarmes reçoivent un témoignage déterminant.

Une connaissance de Samuel Matias Batista les informe d'un message qu'il a posté sur leur groupe de discussion Instagram. "Ma conscience va bien. J'avais pas prévu de le sécher le jour où il est parti. On peut pas pousser mon pote à la mort sans que je le venge", confie alors l'accusé.

Dépeint comme "bizarre, silencieux et marginal", le jeune homme correspond en tout point au portrait-robot. Interpellé, il avoue en évoquant de longues années de "souffrance" et de "colère" depuis le suicide de son ami, et les confidences que lui a faites la mère sur les pratiques sexuelles de son ex-mari.

"Poison"

Sans emploi, reclus et accroc au cannabis, Samuel Matias Batista raconte durant l'instruction que le matin des faits, il s'est réveillé "avec l'obsession de se confronter" à Guy Lecomte, qu'il qualifie de "poison", afin "d'obtenir de lui des réponses", mais sans intention de le tuer.

Après une heure et demie de conversation, il a pris le couteau qu'il avait dans la poche en décelant chez son interlocuteur "un air narquois, comme s'il se moquait" de lui, tandis que l'image du "visage détruit" de son ami "dans son cercueil" avait surgi dans son esprit.

Un premier coup rate, s'ensuit un corps à corps violent, au cours duquel il prend le dessus. Après avoir "vu la vie quitter les yeux" de Guy Lecomte, l'accusé dit avoir nettoyé la scène de crime, et proféré des excuses devant une photo de son ami.

"Il y a chez lui un souci de transparence exemplaire, c'est rare", souligne l'avocat de Samuel Matias Batista.

Pour Me Julien Plouton, qui conteste la préméditation, son client "a été confronté à un événement dramatique, le suicide de son camarade, à un âge où l'on est très sensible", puis "s'est trouvé embarqué par la souffrance de la mère, ce qui a été déterminant dans son passage à l'acte".

Décrit par les experts psychiatres et psychologiques comme un jeune homme doué d'une "intelligence supérieure", qui se "pose en justicier", l'accusé est incarcéré à la prison de Mont-de-Marsan. Il y bénéficie du régime Respecto, qui offre davantage de souplesse et de responsabilités aux détenus, et finalise une licence d'anglais, selon son conseil.

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