"Le racisme, ça commence avec des mots et ça finit comme Aboubakar", clame une pancarte visible dans le cortège où ont pris place de nombreux représentants de la France Insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon, Louis Boyard ou Eric Coquerel, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Avec la mort d'Aboubakar Cissé, une ligne rouge a été franchie", estime Tarek, 44 ans, cadre de production francilien, qui défile sous le soleil avec un grand drapeau français.
Au milieu de drapeaux français et palestiniens, les manifestants scandent "non, non à l'islamophobie ", avec plusieurs slogans et pancartes ciblant le ministre de l'Intérieur: "Même si Retailleau ne veut pas, nous on est là".
Saluer la mémoire d'Aboubakar Cissé
Des organisations antiracistes ont appelé à défiler dans la capitale et ailleurs en France - il étaient 400 à Lille - pour dénoncer "la progression de l'islamophobie" et saluer la mémoire d'Aboubakar Cissé.
Le député LFI Éric Coquerel a déploré une "augmentation de l'islamophobie de manière incontestable, jusqu'à la mort d'Aboubakar Cisse dans une mosquée". "Jamais on ne dira assez la responsabilité du ministre Retailleau qui fusionne droite et extrême droite", a-t-il lancé.
Les trois premiers mois de l'année ont enregistré une augmentation des actes antimusulmans de 72% par rapport à la période en 2024 avec 79 cas recensés, selon le décompte du ministère de l'Intérieur.
Yassine Benyettou, secrétaire national du collectif RED Jeunes et coorganisateur de la marche, a déploré cette semaine "une peur constante" grandissante dans la communauté musulmane, estimant que la "parole décomplexée" d'une partie de la classe politique alimente un climat antimusulman et "porte atteinte à la sécurité d'une partie de la population française".
Le meurtre d'Aboubakar Cissé a ravivé en France un débat autour du terme même d'"islamophobie".
Bruno Retailleau, dont l'attitude dans cette affaire a été critiquée à gauche et par des proches de la victime, a estimé qu'"il y a une connotation idéologique du terme "islamophobie" très marquée vis-à-vis des Frères musulmans, qui fait que dans notre ministère, on prend la précaution de ne pas l'utiliser".
Le Premier ministre François Bayrou a au contraire défendu l'emploi du terme "islamophobe" dans cette affaire.
Ce débat a trouvé un écho dans le cortège dimanche avec cette pancarte brandie par un manifestant place de la Bastille: "Ils ne sont pas islamophobes, c'est juste qu'ils n'aiment pas les musulmans".