Violences sexuelles dans le périscolaire à Paris : "Le silence doit cesser", exhortent des familles

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"Le silence doit cesser" : des familles d'enfants ayant porté plainte pour des agressions sexuelles dans le périscolaire à Paris appellent à une mobilisation "totale et transparente" sur ces cas de violences et maltraitances.
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"Nos enfants ont payé le prix de ces défaillances. En revanche, il est encore temps et c’est notre responsabilité collective, de protéger les enfants encore dans le périscolaire", écrivent les parents dans un communiqué publié mardi soir.

"Nous réclamons également une réunion avec les services du parquet pour avoir un retour sur les enquêtes en cours et les poursuites envisagées. Le silence doit cesser", ajoutent les familles représentées par l'avocat Arié Alimi.

"Le ministère public et les administrations municipales en général ne semblent pas avoir pris la pleine mesure du problème", peut-on encore lire. "Nous parlons de viols et d’agressions sexuelles sur des enfants d’à peine trois ans. Nous parlons de traumatismes qui marquent à vie. Nous parlons de familles plongées dans l’angoisse de savoir et comprendre ce qui a pu arriver à leurs enfants."

Trente animateurs suspendus en 2025

Reçues mardi par le ministère de la Justice, ces familles annoncent solliciter l’organisation d’une commission parlementaire "avec un périmètre d'enquête capable d’embrasser la dimension systémique de ces violences sexuelles et des maltraitances."

Le périscolaire parisien est éclaboussé depuis plusieurs mois par une série de signalements d'agressions sexuelles dans des écoles maternelles. 

En 2025, trente animateurs ont été suspendus, dont 16 pour des suspicions de faits à caractère sexuel, un chiffre stable par rapport aux deux années précédentes, selon la mairie.

Lundi, la procureure spécialisée mineurs du parquet de Paris, Lisa-Lou Wipf, a fait savoir dans le quotidien Libération que quinze enquêtes avaient été ouvertes en 2025 pour des agressions sexuelles dans des écoles maternelles parisiennes.

"Abandonnées"

A la suite des révélations, la Ville de Paris a annoncé mi-novembre un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles faites aux enfants dans les écoles, avec la création d'un poste de défenseur des enfants et un renforcement de la formation des animateurs.

Des mesures "insuffisantes" selon le collectif SOS Périscolaire fondé en 2021 par deux mères d'enfants scolarisés à Paris, Anne et Elisabeth, qui évoquent des familles "démunies". 

"Elles sont désabusées, elles se sentent abandonnées par la mairie et dénoncent un mépris de la parole des enfants", indique Anne à l'AFP. 

En quatre ans, leur collectif a reçu 400 témoignages sur des "comportements verbaux et physiques inappropriés" de membres du périscolaire à Paris et dans d'autres villes du territoire. 

Au-delà "des cas les plus graves", il y a toute "une zone grise parce que les parents ne portent pas plainte quand leur enfant se prend une tape derrière la tête sauf qu'un enfant qui se prend une tape derrière la tête tous les jours ça le plombe et c'est de la violence", insiste Anne, qui appelle à améliorer la chaîne de signalements face à des "failles persistantes".  

Un constat partagé par l'antenne parisienne de la Fédération de parents d'élèves FCPE qui évoque des "signalements peu suivis d’effet, manque de formation, protocoles flous ou procédures trop lentes."

Elle a annoncé le 18 novembre la création d'une commission "Agir contre les violences" qui prévoit notamment la mise en place d'un "espace de signalement de toutes les formes de violences subies par les élèves".

"État, Ville, Éducation nationale et justice, chacun doit maintenant agir", a estimé la FCPE Paris.  

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