Assistera-t-on dans le Bureau ovale à une nouvelle humiliation publique du président ukrainien comme le 28 février?
Ou parviendront-ils à trouver un terrain d'entente, sous la pression de dirigeants européens qui se déplacent également à la Maison Blanche pour faire corps autour de Volodymyr Zelensy?
Ce dernier a redit lundi qu'il appartenait à la Russie de "mettre fin à cette guerre qu'elle a déclenchée" et qu'il ne fallait pas qu'elle soit "récompensée" pour avoir envahi son pays en février 2022.
Donald Trump a lui écrit auparavant sur son réseau Truth Social que le chef de l'Etat ukrainien "pouvait mettre fin à la guerre avec la Russie presque immédiatement s'il le voulait, ou (pouvait) continuer à combattre".
"Une réunion préparatoire"
Le président américain, qui n'a jamais attribué la responsabilité du conflit à Moscou, n'a obtenu aucune concession de Vladimir Poutine après une rencontre vendredi en Alaska.
Il a revanche exposé très clairement dimanche soir sur son réseau social ce qu'il attendait de Kiev : renoncer à la Crimée, occupée par la Russie depuis 2014, ainsi qu'à une adhésion à l'Otan.
Dans une démonstration de solidarité exceptionnelle, Volodymyr Zelensky est accompagné dans la capitale américaine par le président français Emmanuel Macron, le chancelier allemand Friedrich Merz, la Première ministre italienne Giorgia Meloni, le Premier ministre britannique Keir Starmer, le président finlandais Alexander Stubb, le chef de l'Otan Mark Rutte et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
Le président ukrainien tiendra d'abord "une réunion préparatoire" avec les dirigeants européens, lesquels se rendront ensuite à la Maison Blanche.
Volodymyr Zelensky y arrivera séparément et sera reçu par Donald Trump vers 13h00 (19h00 heure française). Suivra ensuite une réunion élargie avec les Européens.
Certains médias spéculent déjà sur la tenue de Volodymyr Zelensky, très critiqué dans le camp trumpiste la dernière fois pour avoir porté son habituelle tenue d’inspiration militaire plutôt qu'un costume.
Frappes meurtrières
Chaque détail vestimentaire, intonation, geste aura son importance, surtout que Donald Trump semble aborder la rencontre dans une humeur plutôt chagrine, à lire ses derniers messages sur Truth Social.
Toujours soucieux de se montrer en position de force, il s'en est pris violemment à la presse américaine, dont une partie l'accuse d'avoir plié en Alaska face à son homologue russe.
Donald Trump n'a pas décroché comme il l'espérait un cessez-le-feu pendant sa rencontre en Alaska avec Vladimir Poutine, et lundi l'offensive russe se poursuivait.
Moscou a tiré quelques 140 drones et quatre missiles balistiques dans la nuit de dimanche à lundi, a annoncé l'armée de l'air ukrainienne.
Une frappe de drone russe a fait sept morts et des blessés à Kharkiv, dans l'est de l'Ukraine, selon les autorités locales.
Deux personnes ont été tuées dans des frappes ukrainiennes dans les régions de Kherson et Donetsk, dont d'importantes parties sont sous contrôle des troupes russes, selon les autorités d'occupation.
La réunion à Washington doit permettre d'aborder de possibles concessions territoriales et des garanties de sécurité, pour mettre fin au conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.
Un sommet tripartite ?
Outre la question de la Crimée, un responsable au courant d'échanges téléphoniques samedi entre le président américain et des dirigeants européens a affirmé à l'AFP que Donald Trump soutenait une proposition de Moscou selon laquelle Kiev céderait les régions de Donetsk et Lougansk (est), et le front serait gelé dans celles de Kherson et Zaporijjia (sud).
L'émissaire américain Steve Witkoff a assuré que Moscou avait fait "certaines concessions" territoriales.
"Dois-je simplement tirer un trait sur toute ma vie là-bas ? Comment peut-on abandonner sa patrie ?", se désole Lioudmyla Bondareva, originaire de la ville de Bakhmout, opposée à la cession de sa région aujourd'hui rasée et occupée par les troupes de Moscou.
En rentrant d'Alaska, Donald Trump a évoqué la piste d'une clause de sécurité collective inspirée de l'article 5 de l'Otan, en dehors toutefois du cadre de l'Alliance atlantique, considérée par Moscou comme une menace existentielle.
Selon Emmanuel Macron, les Européens vont demander au président américain "jusqu'à quel point" il se joindra à des garanties de sécurité.
Si "tout marche bien" lundi, le milliardaire républicain a laissé entrevoir un sommet tripartite avec Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky.