Faut-il ouvrir le RSA aux jeunes de moins de 25 ans ?

Faut-il ouvrir le RSA aux jeunes de moins de 25 ans ? On a posé la question à deux économistes. L'une est pour, l'autre est contre. Voici leurs arguments.

Pour ou contre l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans ?


*Sabrina Issehnane est économiste à l’Université de Paris. David Cayla est économiste à l’Université d’Angers. Elle est favorable à l’ouverture du RSA pour les jeunes de moins de 25 ans, lui non. Voici les arguments de chacun. *


L’efficacité des autres aides existantes


Selon David Cayla, opposé à l’ouverture du RSA pour les moins de 25 ans, d’autres dispositifs d’aide sont à exploiter en priorité pour les jeunes car plus adaptées. Il évoque les bourses, la garantie Jeunes, et les aides à l’emploi.


Sabrina Issehnane considère qu’elles sont insuffisantes, notamment la garantie Jeunes qui ne concerne que 100 000 jeunes. Elle souhaite rappeler la relative importance financière que représente le RSA : “Le RSA c’est 564 €, ce n’est rien du tout par rapport au seuil de pauvreté qui est en dessous de 1080 € environ. Donc, lorsqu’on touche le RSA, on ne touche pas grand chose.


Le rapport entre le RSA et l’emploi


Il faut développer un plan massif d’embauche de la jeunesse. Si on fait ça correctement, il n’y a pas besoin de faire du RSA”, assure David Cayla.


Nous devons faire en sorte, plutôt que de donner de l’argent aux gens en les laissant tranquilles et sans on va dire les accompagner et surtout des sommes misérables, eh bien il faut leur donner de véritables emplois”, ajoute-t-il. David Cayla estime que c’est à l’État d’attribuer ces jeunes à des emplois en demande, comme dans le domaine de santé, du social, de l’éducation.


Pour Sabrina Issehnane, une politique plus efficace pour l’emploi des jeunes n’empêche pas l’attribution du RSA, qui aiderait les jeunes à se concentrer sur cette recherche d’emploi plus sereinement.


David Cayla exprime son inquiétude : “Ce que je crains, c’est que la généralisation du RSA entraîne un isolement accru des jeunes puisque, finalement, ils auraient le droit à un chèque tous les mois, on va dire.


Sabrina Issehnane croit au contraire que le RSA pourrait permettre d’éviter un “déclassement des jeunes”,qui, face à l’urgence financière, sont prêts à accepter des emplois très précaires et dans de mauvaises conditions.


La limite des 25 ans


Pour Sabrina Issehnane, la décision de ne pas attribuer le RSA aux moins de 25 ans est absurde : “Pourquoi à 25 ans on est considéré comme 'apte à percevoir un minimum social' et à 18 ans on est pas 'apte' parce qu’on n’est pas assez autonome ?


Pour David Cayla, les personnes de moins de 25 ans sont parfois très éloignées du marché du travail, n’ont pas les codes pour intégrer le monde de l’emploi : "Si on considère que pour résoudre ce problème, on ne peut le faire uniquement qu’en donnant de l’argent, eh bien je pense qu’on ne résout pas le problème de fond qui est la capacité, justement, de s’insérer."


Donc il faut vraiment accompagner dans l’insertion les personnes qui n’ont pas beaucoup d’expérience ou qui sortent des études”, conclut-il.


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