"La Vie heureuse" par David Foenkinos — Brut Book

BRUT BOOK — La mort, David Foenkinos l'a vue de près. À 16 ans, il est descendu dans un "tunnel de lumière" lors d’une opération du coeur. Ça a bouleversé sa vie et sa passion pour les livres est née. Alors que sort son nouveau roman 'La Vie heureuse', il raconte comment il est devenu "mystique"…

A l'âge de 16 ans, j'ai eu une très grave maladie du cœur. J'ai eu une infection de la plèvre. Et à ce moment-là, juste avant l'opération, j'ai eu une expérience de mort. Je suis descendu dans un tunnel de lumière et puis, ma mère, qui était à côté de moi, me raconte à quel point j'étais parti. Et je me suis arrêté dans ce tunnel et je suis remonté. Donc pendant quelques secondes, j'ai eu le sentiment vraiment d'être mort et je suis connecté en permanence à ce moment-là de ma vie. Mais la vraie particularité, c'est qu'après l'opération, j'ai passé des mois à l'hôpital en convalescence et j'ai eu le sentiment d'être devenu une seconde personne. Comme si l'expérience de mort avait déverrouillé ma sensibilité” explique l’écrivain David Foenkinos, auteur de La Vie heureuse publié aux éditions Gallimard. 

Sauvage de Julia Kerninon — Brut Book


C'est un rituel que j'ai découvert en Corée du Sud, qui est une sorte de thérapie de choc qui consiste à vivre physiquement son enterrement”


C'est une histoire entre Eric et Amélie sur une trentaine d'années avec au cœur de ce livre un rituel coréen très particulier. C'est un rituel que j'ai découvert en Corée du Sud, qui est devenu un phénomène, qui est une sorte de thérapie de choc qui consiste à vivre physiquement son enterrement. Donc vous vous retrouvez face à votre cercueil, vous mettez votre photo, il y a vos dates de vie et de mort, vous rédigez votre épitaphe, ne serait-ce que ça, écrire quelques mots sur sa vie, se résumer. Et puis vous entrez dans le cercueil pendant 1 heure. L'obscurité, le silence. On referme le couvercle. C’est une thérapie de choc. C'est l'idée de se dire que rencontrer la mort, vivre physiquement la mort, ça peut vous propulser après dans une façon de relativiser la vie et peut-être de savourer les choses de la vie” raconte David Foenkinos. 

Perspective(s), par Laurent Binet – Brut Book


“Je vis tout à travers le prisme du temps qui passe”


Depuis que j'ai sorti ce livre et que je parle de ce rituel d'enterrement, je vois des mines effrayées.On sent qu'il y a quand même, ici en Occident en tout cas, un rapport extrêmement angoissé à la mort. Ce n'est pas le cas dans les pays asiatiques. Ce n'est pas le cas dans plein de civilisations. C'est vrai qu'il n'y a pas très longtemps, j'étais au Mexique: c'est extraordinaire de voir à quel point la mort est célébrée. Pas le fait de mourir, bien sûr, mais les morts, souvent, il y a des squelettes partout, c'est coloré, on fait des fêtes autour des morts. Quand on voit par exemple les débats sur l'euthanasie, à quel point c'est crispé, c'est compliqué… C'est quelque chose d'extrêmement difficile. Moi, je pense que cette thérapie de choc, je pense qu'elle serait essentielle en France. On voit bien, il y a beaucoup de jeunes qui ont beaucoup de mal-être lié aussi aux angoisses existentielles liées à l'avenir… Beaucoup d’inquiétudes. Je pense que cette thérapie serait bénéfique. Moi, j'ai lu tous les commentaires sur les forums coréens avec Google Trad, c’est vrai que c’est extraordinaire de voir que ça fait du bien” ajoute l’écrivain. 

"Créatine" par Victor Malzac — Brut Book


Pour moi, la mort est une obsession permanente, mais pas du tout comme quelque chose de morbide, et c'est vrai que j'ai le sentiment que justement parce que j'ai eu cette expérience de mort, je la connais. J'ai le sentiment que ça me propulse dans une nécessité de savourer les moments de la vie. Moi, je suis très, très connecté à ça, à la vieillesse, à l'idée de me dire que chaque heure, chaque jour peut compter. Ce n'est pas lié du tout à ma vie littéraire. Je ne pense pas du tout ni à la postérité ni à l'idée d'écrire des choses qui puissent me survivre, d'une certaine manière, mais simplement dans le rapport permanent aux choses de la vie. C'est-à-dire que je vis tout à travers le prisme du temps qui passe” conclut David Foenkinos.

Brut Book — Submersion par Bruno Patino


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