4 moments qui ont changé la vie de Jesse Eisenberg

"On a souvent la sensation, en tant que personne qui vient du monde artistique, que notre travail manque de valeur sociale." Brut a rencontré l'acteur américain à l'occasion de la sortie du film "Vivarium".

Quatre moments qui ont changé la vie de Jesse Eisenberg 


L’acteur américain est à l’affiche du thriller « Vivarium » , en salles le 11 mars.
 


Sa naissance 


 
Avant ça, je ne faisais rien. J’étais juste assis dans le ventre d’une petite femme de Queens. Elle me trimballait partout. Elle était fatiguée. Elle avait des envies de terre et de cornichons. Elle en a parlé pendant des années, généralement énervée, en disant : « Tu sais ce que j’ai fait ? Je t’ai donné naissance. Tu ne comprendras jamais à quel point c’est douloureux. J’espère qu’un jour tu trouveras le moyen de donner naissance, comme ça tu comprendras la douleur que j’ai endurée pour que tu sois là. »


J’imagine qu'elle m'en veut pour le mal que je lui ai fait. Ma première action a vraiment été d’une grande violence. Puis le jour d’après, d’un coup, j’étais là, j’avais ma propre nourriture, j’avais un prénom. Les gens ne m'aimaient pas. J’avais une sœur, elle ne m'aimait pas. Mon père se sentait inconsciemment en concurrence.
 


Sa rencontre avec une cousine survivante de la Shoah 


 
Vous savez, on n’a pas envie d’être trop intrusif avec quelqu’un qui a survécu à un génocide. Mais je connaissais son histoire par ma famille et c’est juste une histoire incroyable. Mon but avec elle n’était pas d’essayer d’avoir les détails d’un traumatisme qu'elle n'a probablement pas envie de déterrer. Mon but avec d’essayer de créer une connexion avec quelqu’un qui mérite une connexion. 


Comme beaucoup de juifs américains, on a une vague notion de ce qui s’est passé pendant la guerre. Je dis « vague » parce que on se sent plus Américain qu’Européen. Et j’ai entendu dire qu’il était important pour eux de s’intégrer. Beaucoup de gens à cet âge-là, j’avais 22 ou 23 ans, deviennent curieux de leur passé. Et si on a un lien avec son passé - comme moi avec ma cousine [survivante de la Shoah]https://www.brut.media/fr/international/ida-grinspan-l-une-des-dernieres-survivantes-de-la-shoah-est-morte-329cb2bb-2fb4-4ba1-a76b-2373a08bf9c3) - on explore ce passé. C’est en partie à cause d'une fascination et d’un certain narcissisme : tu cherches d’où tu viens, qui tu es. Mais ça vient aussi d’un sentiment de compassion pour ce qui s’est passé et pour ceux et celles qui sont encore en vie et qui ont connu ce traumatisme. On a de la compassion pour eux et quelque part, on veut essayer de rendre leurs vies meilleures ou connectées, et c’est ce que j’ai voulu faire. 
 


Son combat contre les violences conjugales


 
J’ai rencontré ma femme il y a 18 ans. Elle travaille au foyer depuis qu’elle est gamine, parce que sa mère gérait la Middle Way House. C’est un super foyer d’accueil pour femmes victimes de violences domestiques. 


J’ai essayé d’utiliser mon statut de célébrité pour aider, si possible. On organise un événement la semaine prochaine dans l’Indiana pour récolter de l’argent. Et on a levé un demi-million de dollars il y a quelques années pour rembourser le prêt immobilier du foyer. Donc c’est génial, on a souvent la sensation, en tant que quelqu’un qui vient du monde artistique, que notre travail manque de valeur sociale. L’un des moyens d’alléger ce malaise est de faire des choses qui, selon nous, ont une valeur sociale. Ma femme est impliquée dans toutes ces causes formidables depuis qu'elle est née et j’ai la chance de pouvoir alléger mon propre malaise narcissique quand je veux.
 


Le film « Vivarium »


 
Vivarium est une sorte de version cauchemardesque de toutes les choses auxquelles on aspire. Tu sais, tu veux fonder une famille ou acheter une maison ou avoir une relation stable. Et Vivarium, c’est une sorte de version terrifiante d’accomplissement de ces objectifs. Tu achètes une maison, mais c’est dans un endroit sans personnalité. En fait, toutes les maisons sont les mêmes. Tu as un enfant, mais l'enfant est comme un parasite, qui te pompe littéralement la vie. Tu as une relation avec une femme, mais elle traverse une espèce de phase traumatique œdipienne freudienne avec cet enfant qui essaie de la retourner contre l’homme. 


Ce film a été réalisé en Europe, et quand tu fais un film en Europe, il y a différentes considérations financières, parce que c’est produit par l’État. On n’a pas les mêmes exigences pour que le film soit rentable. Quand tu fais un film américain indépendant, c’est en général payé par quelqu’un de riche. Cette personne riche veut récupérer son argent. C’est pour ça qu'ils sont riches quelque part, parce qu’ils ont cette espèce de désir d’argent. Alors ils produisent des films qui ont un attrait plus commercial. Ce qui est génial avec Vivarium, c’est que c’est un vrai film d’art, un film d’art magnifique. 


C'est une hallucination, c’est quelque chose d’abstrait et de terrifiant, plutôt que l’aventure d’un héros. Peut-être que ça n’aurait pas pu se faire aux États-Unis. Je ne sais pas. Je veux dire, les États-Unis font aussi des films qui sont bons, parfois. Il y a près de 3.000 films qui sortent toutes les semaines, je suis sûr que certains sont bons.


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Brut.