C'est quoi le voguing ? La réponse de Kiddy Smile

Le voguing, c'est bien plus qu'une danse. C'est aussi une forme d'émancipation pour toute une communauté. Et pour Kiddy Smile, voilà pourquoi ce mouvement est important.


Si j'avais connu le voguing plus tôt, ça m'aurait aidé à me construire plus vite.



Sur scène et dans ses clips, Kiddy Smile est toujours accompagné de danseurs de voguing. Et le voguing, ce n'est pas qu'une danse…
Le voguing, c'est un mouvement revendicatif, un mouvement LGBT porté principalement par des gens racisés qui créent un espace assez "safe" dans lequel on peut être soi-même.


Le mouvement voguing naît dans les années 1960 dans le quartier de Harlem, à New York. C'est une culture qui est née à cause du racisme intracommunautaire de la communauté LGBT. C'est-à-dire qu'à la base, c'étaient des concours de drag-queens et c'étaient toujours des drag-queens blanches qui gagnaient et les drag-queens de couleur ont décidé de faire leurs propres concours dans un souci d'équité et surtout pour être ensemble. Et au fur et à mesure du temps, il y a de la danse qui a été incorporée.


Les premiers gestes de voguing sont inspirés des poses de mannequins. Le nom voguing vient d'ailleurs du magazine "Vogue".


On a mis du mouvement et du coup, c'est devenu cette danse qu'on connaît maintenant. Alors, c'est beaucoup inspiré aussi de mouvements de kung-fu. Le voguing n'a jamais vraiment été mis en avant. Il a servi Madonna, il n'a pas vraiment été le centre de quelque chose à l'échelle mondiale.


Le mouvement voguing arrive en France dans les années 1990. Et pour Kiddy Smile, voilà pourquoi ce mouvement est important. J'ai vu tous ces jeunes vraiment danser comme s'ils en avaient besoin et trouver enfin un espace comme ça dans lequel ils disaient : "Ah! Enfin je peux être moi-même !" Je trouve qu'il y a une certaine fierté dans la façon dont ils affrontent la société que j'aurais bien aimé découvrir plus tôt. J'étais très envieux de ça parce que moi, quand j'avais leur âge, je n'avais que le hip-hop qui me permettait d'exprimer des choses par rapport à des luttes de classes et peut-être par rapport aussi à ma couleur, mais qui ne permettait pas, dans ce mouvement-là, de pouvoir affirmer complètement mon identité sexuelle. Et je trouvais que cette culture était parfaite pour l'intersectionnalité de ce que je suis. Ça me permettait de pouvoir intégrer et m'installer et partager avec des gens ce que je traverse dans la vie de tous les jours.


C'est très bien qu'il y ait ce genre d'espace communautaire parce que je sais que le mot "communauté" fait extrêmement peur à beaucoup de gens en France. Mais, le besoin de communauté, il est important parce que les gens ont besoin de se regrouper avec des gens qui partagent la même expérience qu'eux. Et la communauté, ce n'est pas le sectarisme. Il y a du mouvement dans la communauté. On peut en faire partie, on peut arrêter, on peut revenir, on peut… Ce n'est pas très différent d'un club de foot, à part que c'est un peu plus profond, mais dans l'idée, c'est ça.


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Brut.