Interview Brut : Raphael Saadiq

Enfant, il a connu très jeune la prison, où il rendait visite à son frère. Aujourd'hui musicien récompensé d'un Grammy Award, Raphael Saadiq veut parler des prisons et de la condition des détenus noirs aux États-Unis. Voilà pourquoi.

Interview Brut : Raphael Saadiq


Enfant, il a connu très jeune la prison, où il rendait visite à son frère. Aujourd'hui musicien récompensé d'un Grammy Award, Raphael Saadiq veut parler des prisons et de la condition des détenus noirs aux États-Unis. Voilà pourquoi.


« Je n'ai jamais su pourquoi mon frère était en prison et personne ne m'a rien dit. Mais nous allions lui rendre visite comme s'il était une célébrité. Jusqu'à ce qu’un jour, je comprenne qu'il n'était pas une célébrité, car lorsqu'il a été temps de partir, je lui ai demandé s'il voulait venir avec nous et il m’a dit qu'il ne pouvait pas » raconte Raphael Saadiq. Récompensé d’un Grammy Award, il est auteur-compositeur, musicien et producteur de musique américain.


Dans son nouvel album, « Jimmy Lee », du même nom que son frère, il aborde le thème des prisons, inspiré par son enfance : « Mon frère Jimmy Lee a passé beaucoup de temps en prison. Donc, lorsque j'étais enfant, je visitais les prisons quelques fois par an pour mon frère » explique Raphael Saadiq.


Rikers Island est une prison à New York, mais c’est aussi le nom d’une de ses chansons qui demande la libération des détenus noirs. « Je n’habite pas près de Rikers Island et bien qu’il y ait beaucoup d’histoires terribles sur Rikers Island, mon frère était plutôt dans des prisons d’État » précise Raphael Saadiq.


Les États-Unis ont la plus grande population carcérale au monde et le taux d’incarcération par habitant le plus élevé. « Lorsque je visitais ces prisons, j’examinais tous ces prisonniers et je ne comprenais pas vraiment ce qui se passait dans le système ni comment les gens se retrouvaient piégés dans celui-ci. Je pensais juste qu'ils avaient tous fait quelque chose de vraiment terrible » se souvient Raphael Saadiq.


Mais Raphael Saadiq se rend petit à petit compte que la réalité est bien plus complexe : « Je voyais tous les procureurs avec leurs voitures garées dans le parking et celles des visiteurs à côté. Et j’ai réalisé à quel point ils avaient de plus belles voitures et qu’en fait les procureurs gagnaient de l'argent sur le dos des moins fortunés. Ces voitures plus décrépites du côté des visiteurs, je n’ai jamais oublié. C'est pour ça en quelque sorte qui j’ai écrit Rikers Island » explique Raphael Saadiq.


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