Un jour avec Gaël Faye

"Le rap, c'est l'école de la liberté, de l'expression, de l'écriture." Après son roman à succès "Petit Pays", il revient avec un nouvel album. Un jour avec Gaël Faye à Versailles, là où sa passion est née.

24 heures avec Gaël Faye


L’auteur et interprète Gaël Faye embarque Brut pour une journée à ses côtés. Il parle de son arrivée en France et de son parcours imprévu dans la musique.


« Être artiste, ça n'a jamais fait partie de mes plans », assure Gaël Faye, auteur-compositeur-interprète. Il raconte : « J’ai commencé mon adolescence au Burundi. J’ai dû fuir le pays et je suis arrivé ici. Je ne connaissais plus personne. »


Le départ du Burundi


Gaël Faye vit à Versailles de ses 13 à ses 18 ans. Loin de la vie de château bourgeoise que l’on imagine, « il y a aussi beaucoup de quartiers, on va dire banals, avec des gens de la vie de tous les jours ». Ses parents sont séparés et sa mère, rwandaise, vit à Versailles. Son père, français, vit au Burundi.


« Mon père est herpétologiste, spécialiste de reptiles. Chez moi, il y avait plein d’animaux. C’était un grand jardin, des arbres, de la nature… On était tout le temps fourrés dehors, tout le temps pieds nus, tout le temps dans le quartier. C’est comme si mon monde s’était rétréci quand je suis arrivé ici. D’un coup. Et avec une difficulté à expliquer aux gens d’où je venais, à leur faire sentir, ressentir. »


De mauvais souvenirs


Il se souvient d’un jour où une minute de silence est observée pour Français Mitterand, à son collège. Pour lui, l’homme politique est surtout lié au génocide du Rwanda. « Il était l’ami des gens qui avaient commis le génocide. Au Burundi, dans plein de milieux, on l’appelait “tonton machette” », se souvient-il.


« Quand je vois ce collège-là, je pense à ça. Je pense au génocide des Tutsis parce que j’étais là pendant que ça se passait. Je pense ensuite à cette minute de silence, je pense à la guerre qu’il y avait au Burundi, qu’il continuait à y avoir et moi, je venais là. J’étais avec des gens qui étaient dans un autre environnement, mais j’avais des lettres qui arrivaient du Burundi. Donc c’est vrai que j’ai aussi un rapport un peu particulier avec cet endroit parce qu’intérieurement, je me sentais vraiment tiraillé entre cette paix, ce calme, cette banalité du quotidien et le lieu d’où je venais, qui était un brasier. »


La musique dans sa vie


« Ma mère avait des cassettes de Francis Cabrel. Je les prenais et j’enregistrais des émissions de rap à la radio Générations. Parfois, les chansons de rap s’arrêtaient, on entendait un peu : “Petite Marie…” et ça reprenait sur une autre chanson, une chanson de rap », raconte le musicien.


Il n’a jamais rêvé d’être rappeur. Pour lui, ce n’était pas un métier. Il fait ses débuts dans une MJC, entraîné par un camarade de lycée. « Ce qui fait que je vais dans cette MJC, c’est que je rencontre une personne. Un copain, Anthony, qui est guadeloupéen, qui est aussi arrivé en France à l’âge de 10 ans. Il a une double culture. À ce moment-là, je suis en recherche de quelqu’un qui comprend ce que c’est qu’avoir une double culture. »


Ces trois dernières années, il les passe dans un studio du nord de Paris. C’est là qu’il enregistre deux EP :  Rythmes et botanique et Des fleurs, et son album Lundi méchant. À propos du rap, il déclare : « C’est cette musique-là qui m’a ouvert, qui a fait la personne que je suis. Qui m’a permis de toujours prendre du plaisir à écrire, parce que le rap, c’est vraiment l’école de la liberté, de l’expression de l’écriture. Il n’y a pas de classicisme en rap. »


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