Je vous écris de Kaboul: le combat d’une féministe afghane

Quand les talibans ont repris le pouvoir, elle a décidé de résister. Alors Kathera Amine, 28 ans, a créé une école clandestine pour que les jeunes Afghanes puissent continuer à apprendre. Elle témoigne dans un livre ‘Je vous écris de Kaboul…’ coécrit avec la journaliste française Maurine Bajac.

Quelle est la situation des femmes en Afghanistan ? 

“Ce qu’on raconte, c’est un récit de l’intérieur d’une résistante”, explique Maurine Bajac, journaliste française. Avec Khatera Amine, une militante afghane qui lutte pour les droits des femmes dans son pays, elles ont co-écrit un livre intitulé Je vous écris de Kaboul…, un ouvrage dans lequel la jeune Afghane de 28 ans livre son témoignage de courage et d’espérance, celui d’une combattante.

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Aujourd’hui, Khatera Amine, domiciliée à Kaboul et portée par des idées féministes, est en résistance contre les Talibans. “C'est une jeune activiste pour les droits des femmes, nommément menacée par les Talibans et qui donc se cache mais essaye de résister dans son pays contre les Talibans”, explique Maurine Bajac. 


Khatera Amine, elle, évoque le retour des Talibans à Kaboul le 15 août 2021, une “journée noire pour toutes les femmes afghanes”. “Avant, je travaillais pour le gouvernement, j’avais de nombreuses activités au sein de la société en tant que femme éduquée. Mais quand ils sont arrivés, nous avons dû abandonner toutes nos activités civiles. Ils nous traitent comme des citoyens de seconde zone”, raconte-t-elle. À deux reprises, elle essaie de partir lors de la chute de Kaboul mais ne réussit pas à prendre l’avion à l’aéroport. Maurine Bajac qualifie son quotidien de “vrai retour dans le temps” où “elle passe d’une personnalité, presque publique, hyper engagée à une jeune femme prostrée dans son salon, obligée de se cacher et de se taire, parce que ses idées font d’elle une cible”. 

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Quels sont les droits des femmes en Afghanistan ? 

Depuis le retour des Talibans, ces membres du mouvement islamique forcent les femmes à porter un type de vêtement précis. “Avant qu’ils reviennent, je n’avais jamais porté la burqa. Je ne peux pas respirer. Parfois même, je tombe dans la rue quand je la porte parce que ça couvre tout mon visage, mes yeux et donc je ne vois pas clairement”, explique Khatera Amine. Celles qui ont une tenue jugée inappropriée sont la cible de tortures. 


Le droit à l’éducation des femmes est lui aussi bafoué. Les femmes désertent les facultés, les universités, les salons de beauté. Même dans les vitrines des magasins, les mannequins femmes vont être décapitées. Ces images très fortes montrent la volonté au quotidien des Talibans à invisibiliser les femmes afghanes, à les “écraser”, affirme Maurine Bajac. “L’Islam n’autorise en aucun cas les hommes à épouser des fillettes de 12 ans. L’Islam n’autorise en aucun cas les familles à vendre leurs filles en cas de problèmes financiers. Et c’est ma mission de créer une société plus démocratique pour les prochaines générations”, déclare Khatera Amine. 

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En riposte, Khatera Amine se bat sans relâche et dédie chaque minute de sa vie à son combat pour les femmes et leurs droits. “Elle va créer par exemple cette école clandestine, en allant voir les pères de famille dans le village, en proposant soi-disant des cours de cuisine. Et derrière ces cours de cuisine, et bien en fait, elle apprend à ces jeunes filles à écrire, à lire, et tout ça c’est un acte de résistance qui est hyper fort pour elle”, confie Maurine Bajac. Malgré la peur constante d’être tué si les Talibans la retrouvent, elle garde espoir et se bat contre les mentalités qui pensent que “les femmes ne devraient pas exister”. “C’est la raison pour laquelle je me lève le matin. Je veux que toutes ces filles et toutes ces femmes aient un espoir pour leur futur”. 

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Une situation qui l’amène à co-écrire un livre 

Alors qu’elle cherchait refuge en changeant régulièrement d’habitat pour trouver un endroit sécurisé pour sa famille et elle-même, elle décide de contacter des journalistes sur Twitter pour trouver de l’aide, afin de porter la voix des femmes afghanes. “Et c’est dans ce contexte qu’elle va m’écrire. Notre premier appel, c’est vraiment un moment très fort, parce que moi je suis dans le privilège d’un appartement parisien où tout va bien, et elle, elle est à 6000 kilomètres de là, dans un salon obscur, et pourtant on va parler de ce qu’elle écoute comme musiques, de son amour pour Johnny Hallyday, de ses livres, de ses passions… Et en fait, on va avoir vraiment une conversation très vite amicale, sans avoir ce rapport, et cet éloignement des 6000 kilomètres qui vont nous séparer”, explique Maurine Bajac. 


Les deux femmes nouent alors une amitié à distance et décident de poser sur le papier le récit de Khatera Amine, d’une résistante. “Ces femmes, on ne peut pas les oublier. Moi, elles m’ont tellement touchée, elles m’ont tellement habitée à travers tout ce qu’elle m’a raconté que c’était essentiel de pouvoir confier tout ça, de pouvoir recueillir tout ça dans un objet, dans un livre”, termine Maurine Bajac. 

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