Inde : 38 morts dans des violences entre hindous et musulmans

Pendant ce temps-là, en Inde... Des violences entre hindous et musulmans ont fait 38 morts à New Delhi, la capitale. Mohammad Zubair, tabassé à mort, est devenu l'un des visages de ces violences.

En Inde, hindous et musulmans s’entretuent


Les violences ont fait 38 morts à New Delhi ces dernières semaines. En cause : le Citizenship Amendement Act.


« Ils ont vu ma calotte, ma barbe, mon attirail et m’ont vu comme un musulman. Alors que je faisais juste les courses. Ils ont commencé à attaquer, à crier des slogans religieux. La façon dont ils me criaient des chants communautaires… J’ai cru que je n’allais pas survivre » se souvient Mohammad Zubair. Ces dernières semaines, cet homme est devenu l’un des visages des violences entre hindous et musulmans, qui ont déjà fait 38 morts à New Delhi, la capitale de l'Inde.


« *20 à 25 personnes se sont mises à me tabasser »


Mohammad Zubair poursuit. « 20 à 25 personnes se sont mises à me tabasser. Les autres se tenaient à côté comme s’ils regardaient un spectacle. Il y en avait des milliers derrière eux. Alors ils ont continué à me tabasser. Personne n’est venu m’aider. Je ne sais pas comment, mais d’autres personnes sont arrivées par un autre côté, j’étais comme inconscient. Mes vêtements étaient ensanglantés. »


Ces violences sont la conséquence d’une loi controversée sur la citoyenneté jugée discriminante envers les musulmans et qui divise le pays depuis décembre 2019. Des hommes sont battus à mort, des magasins sont vandalisés, et des marchés et maisons sont incendiés. Des mosquées sont également profanées dans des quartiers à majorité musulmane. « On craint pour notre vie, on a dû fuir, ainsi que nos enfants. On les a supplié de nous laisser tranquilles, mais ils n’ont pas bougé », témoigne une habitante de New Delhi.


En cause : le CAA, le Citizenship Amendement Act


Ces violence opposent les nationalistes hindous et des citoyens musulmans. En cause : le CAA, le Citizenship Amendement Act, adopté le 11 décembre. Cette loi a été proposée par des députés du parti hindou nationaliste du Premier ministre Narendra Modi. Le gouvernement la justifie en indiquant vouloir venir en aide aux minorités qu’il juge persécutées dans plusieurs pays voisins, majoritairement musulmans (notamment en Afghanistan, au Pakistan et au Bangladesh).


La loi facilite l’accès à la nationalité indienne pour les réfugiés non musulmans. « Ce projet de loi ouvre la voie à la citoyenneté indienne pour les hindous, les sikhs, les bouddhistes, les jains, les parsis et les chrétiens qui sont venus de ces pays en raison de persécutions religieuses », détaille Amit Shah, le ministre indien de l’Intérieur.


La Constitution indienne garantit pourtant l’égalité de traitement des citoyens. En Inde, l’islam est la deuxième religion après l’hindouisme. Les manifestants craignent que cette loi vise à privilégier la religion hindoue et monte les population les unes contre les autres. Le ministre en chef de l’État de Kerala a pour sa part annoncé qu’il s’opposait à cette loi, et qu’il refuserait de l’appliquer dans sa région, qui compte 35 millions d’habitants, dont un quart de musulmans.


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